Emma Czornobaj, cette jeune femme qui a causé la mort d'un motocycliste et de sa fille, en arrêtant sa voiture sur l'autoroute pour sauver des canards, en juin 2010, écope 90 jours de prison à purger les fins de semaine. Elle écope aussi d'une suspension de permis de conduire pour dix ans, sera sous probation pendant trois ans, et devra faire 240 heures de travaux communautaires.

C'est la peine qui lui a été imposée par la juge de la Cour supérieure Éliane Perreault, ce matin, à Montréal. La juge a fait mention du manque de remords et d'empathie de Mme Czornobaj, qui estimait qu'il s'agissait d'un accident qui aurait pu arriver à tout le monde. 



La Couronne réclamait une peine de neuf mois de prison, des travaux communautaires et une interdiction de conduire de cinq ans pour Mme Czornobaj.



«L'ensemble de l'oeuvre est de la négligence criminelle», avait soutenu Me Annie-Claude Chassé lors des représentations sur la peine, en insistant sur le fait que la raison de l'arrêt sur l'autoroute ne devait pas être prise en compte pour décider de la peine.



L'avocat de la défense, Me Marc Labelle, estimait pour sa part que la raison de l'arrêt faisait partie du portrait. Mme Czornobaj voulait «faire le bien», mais elle a pris une mauvaise décision.



« C'est un cas unique, sans précédent. Il y a rarement un cas ou il y a absence aussi totale d'état d'esprit blâmable», avait fait valoir Me Labelle, qui avait aussi invoqué la vitesse de la motocyclette sur laquelle se trouvaient les victimes, pour l'appréciation de la peine. Me Labelle recommandait une peine avec sursis, assortie de 240 heures de travaux communautaires.



Le procès de Mme Czornobaj a fait grand bruit, en juin dernier. La jeune femme avait arrêté sa voiture dans la voie de gauche de l'autoroute 30, vers 19h20 le 27 juin 2010, et en était descendue pour porter secours à des canetons qui se trouvaient près du muret. Une voiture a pu l'éviter, mais la motocyclette qui suivait n'avait pas pu. Le conducteur, André Roy, 50 ans, est mort ainsi que sa fille Jessie, 16 ans, qui était sa passagère. Pauline Volikakis, qui suivait sur sa propre moto, a assisté, impuissante, à la terrible collision qui lui a ravi son époux et sa fille. 



Au terme de son procès, la jeune conductrice a été déclarée coupable par un jury, de négligence criminelle et conduite dangereuse ayant causé la mort. 



Mme Czornobaj en appelle de sa condamnation. Jeudi, la jeune femme a quitté sans faire de commentaire aux nombreux médias qui étaient là. Son avocat a indiqué qu'il n'en appellerait toutefois pas de la peine de 90 jours de prison, qui lui paraissait raisonnable dans les circonstances.

Il n'en va pas de même pour l'interdiction de conduire de dix ans, qu'il compte soumettre à la Cour d'appel. En ce qui concerne les remords et l'empathie de sa cliente, Me Labelle assure qu'elle en a, mais que c'est une personne introvertie. «Ces gens-là,  souvent ont de la difficulté dans le processus judiciaire à faire comprendre qu'ils ont du remord. Moi, pour lui avoir parlé à plusieurs reprises, elle regrette, a du remord, mais ne sait pas comment le dire. C'est une jeune femme qui a peu d'expérience avec le public et pas d'expérience avec les salles de cour.» 

 

Au moment des représentations sur la peine, il y a quelques mois, Mme Volikakis disait en vouloir à Mme Czornobaj pour avoir détruit sa famille. Elle lui reprochait aussi de n'avoir jamais pris contact avec elle pour s'excuser. 



Vendredi, Mme Volikakis paraissait apaisée après le prononcé de la peine. «Nous la famille, on souhaitait seulement une sentence significative. On l'a eue, ça a été bien délivré. Je suis juste contente qu'on puisse peut-être boucler la boucle et continuer avec du positif au lieu de regretter. Ça ne mettra pas un baume sur notre peine, mais ça va nous aider à continuer notre vie, à avancer positivement,» a-t-elle dit.



La procureure de la Couronne Annie-Claude Chassé s'est déclarée satisfaite de la peine.