Avec sa détention préventive d'un peu plus de deux ans calculée à temps et demi, il ne reste plus que seize mois de prison à purger avant que Nikolas Stefanatos soit libre. Une date de remise en liberté à laquelle Tanya St-Arnauld ne préfère pas trop penser.

L'homme, qui a presque mortellement blessé son ex-petite amie Tanya St-Arnauld en l'aspergeant d'un produit ménager corrosif, sera toutefois soumis à une probation stricte de trois ans, avec interdiction d'approcher la victime, sa famille, ou ses proches. Au total, il écope donc de 57 mois de prison, soit cinq ans moins trois mois.

«Nous ne pouvons qu'admirer votre courage, Mme St-Arnauld. Nous vous souhaitons bonne chance pour la suite. Vous n'aurez plus à venir au palais de justice», a dit à la victime la juge Hélène DiSalvo, après avoir rendu son verdict, non sans avoir souligné qu'aucune sentence ne pourra guérir les blessures physiques et psychologiques de la victime. Et après avoir lancé un «message sans équivoque de dissuasion de poser un tel geste.»

Nikolas Stefanatos, vêtu d'un veston noir, est resté impassible à la lecture du jugement. Deux semaines avant l'ouverture d'un procès avec jury, en novembre dernier, il avait déposé un plaidoyer de culpabilité à des accusations de voies de fait graves à l'endroit de son ex-amie de coeur. Il avait aussi transmis une lettre dans laquelle il exprimait des regrets et des remords. Le juge a retenu une partie de ces éléments comme facteurs atténuants, mais surtout en raison des rapports de psychiatres peu après l'agression survenue le 26 août 2012, à Longueuil, relatant ses états d'âme.

Peur de le croiser

À la sortie de la salle d'audience, Tanya St-Arnauld a rappelé qu'elle était au courant de la proposition commune d'une peine d'emprisonnement de 57 mois des procureurs de la Couronne et de la défense. Il n'en demeure pas moins qu'elle a peur de ce qui se passera quand il sera libre, dans 16 mois. Elle n'écarte d'ailleurs pas la possibilité de déménager.

«Seize mois, c'est vite passé, il sera libre, pourra changer de nom. C'est comme ça, la jurisprudence est comme ça. J'accepte, je ne peux rien faire de plus. J'étais seulement un témoin dans l'histoire. La juge a été super, mon avocate a été super. Là, j'ai une petite sécurité de savoir qu'il est enfermé. Mais malgré les conditions de la probation, c'est clair qu'il y a une petite frousse derrière la tête. Il y aura la peur de tomber sur lui quand je fais des commissions au Mail Champlain avec mon fils.»

Mme St-Arnauld a subi une dizaine d'interventions chirurgicales depuis deux ans, dont une greffe à la tête récemment. Elle est aujourd'hui mère d'un garçon de quatre mois, mais ne peut toujours pas reprendre une vie professionnelle. À la suite de l'agression, elle a été plongée deux fois dans un coma artificiel. Six mois plus, elle était incapable de rester debout plus que quelques minutes, a rappelé le juge DiSalvo.

L'avocate représentant la victime, Me Erin Kavanagh, a de son côté rappelé que la peine normalement imposée pour voies de fait graves varie de quatre à six ans au Canada, selon le degré de préméditation. Dans ce cas-ci, le juge a retenu qu'il s'agissait d'un geste «spontané», même si Stefanatos aurait dû savoir que le produit pouvait infliger des blessures, a-t-elle ajouté.

Rappelons qu'après l'agression, l'homme s'était réfugié dans un arbre. Outre l'interdiction de s'approcher de la victime et de ses proches, il sera soumis à une thérapie pour son problème de toxicomanie et d'alcoolisme. En tout, 17 conditions sont reliées à sa remise en liberté dans seize mois.