Deux ans ont passé depuis la grève étudiante. Les esprits se sont calmés, et Yalda Machouf-Khadir a fait un examen de conscience qui inspire confiance au ministère public.

La Couronne demande maintenant d'imposer une probation de deux ans à la fille du député Amir Khadir, tandis que la défense suggère une absolution conditionnelle.  

«Il m'apparaît aujourd'hui que les moyens que j'ai utilisés et pour lesquels j'ai plaidé coupable, ne devraient pas être utilisés dans le cadre d'une société démocratique», a dit Mme Machouf-Khadir, vendredi, alors qu'elle lisait une lettre de son crû devant le tribunal, dans le cadre des représentations sur la peine à lui imposer.

La femme de 21 ans doit recevoir une peine pour des crimes qu'elle a commis lors de trois événements liés au printemps étudiant, en 2012. Elle a plaidé coupable à des accusations de complot introduction par effraction, méfait et déguisement. 

Le 16 février 2012, il y a eu occupation du Cégep du Vieux-Montréal. Mme Machouf-Khadir n'a pas participé à l'occupation, mais elle a renversé une machine distributrice de 3000 $ dans l'établissement.

Le 12 avril 2012, elle a masqué son visage et a obstrué la vue des agents de sécurité pendant que des étudiants saccageaient des locaux à l'Université de Montréal. 

Le lendemain, 13 avril, encore une fois masquée, elle a participé au saccage du bureau de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. La porte avait été défoncée, des vitres avaient été cassées, du mobilier avait été renversé...

«S'introduire par effraction dans le bureau d'un élu est inacceptable au niveau social, a fait valoir le procureur de la Couronne, Martin Chalifour, tout en admettant qu'il avait adouci sa position depuis le début. Au départ, il voulait demander une peine de prison pour la jeune femme.  Il propose maintenant une sentence suspendue, avec probation de deux ans et 240 heures de travaux communautaires. «Le temps a fait son oeuvre, j'ai pu voir une certaine évolution dans le cas de Madame», a-t-il dit, vendredi.

Me Pierre Poupart, avocat de la jeune femme, a lui aussi parlé du temps qui a passé, et du contexte social. «Ç'aurait pu être vos fils, vos filles», a-t-il dit, avant d'élaborer sur le «parcours remarquable» de la jeune femme et du fait qu'elle est un «actif pour la société, nonobstant les dérapages.»  Elle a de bonnes notes, est impliquée socialement et appréciée. Elle fait actuellement un certificat en droit social et du travail et envisage de devenir avocate.

Des lettres d'appui ont été déposées dans son dossier, dont une du maire du Plateau, Luc Ferrandez, qui signale qu'il n'hésiterait pas à suggérer sa candidature à l'arrondissement pour tout travail exigeant des qualités personnelles sociales et humaines. «Je suis aussi persuadé que ses parents ont tous les moyens en main pour lui offrir les expériences nécessaires à son épanouissement personnel et social.»

Des lettres d'appui du Dr Réjean Thomas, ainsi que de Louise Beauchamp, analyste de l'Agence spatiale canadienne, ont aussi été déposées.

La jeune Machouf-Khadir était accompagnée de son père, sa mère, et des amis. Le juge Jean-Pierre Boyer rendra sa décision le 16 février.