Mario Racine, considéré par la police comme le bras droit de Jimmy Cournoyer, récemment condamné à 27 ans de prison aux États-Unis pour des importations de centaines de kilos de marijuana, vient de perdre une ronde importante dans son combat pour éviter d'être jugé lui aussi chez nos voisins du sud.

La Cour d'appel du Québec vient en effet de débouter le Lavallois de 33 ans qui voulait casser une ordonnance ministérielle permettant son extradition.

Racine, qui est en attente de procès au Québec pour une affaire de plantation de cannabis découverte à Laval et qui serait liée aux activités de l'organisation de Jimmy Cournoyer, demande à être jugé ici, arguant que les gestes qu'on lui reproche principalement ont eu lieu dans la province. Il invoque également une violation de la justice fondamentale et de son droit de demeurer au Canada. Enfin, il affirme que le fait que les autorités américaines refusent toujours de lui donner les noms de quatre anciens complices devenus délateurs l'empêche de préparer une défense adéquate.

De son côté, le ministre de la Justice du Canada soutient notamment que les effets préjudiciables sont prédominants aux États-Unis, que l'enquête a été conduite par les autorités américaines, qu'il est préférable de juger les accusés ensemble, et qu'il n'y a aucune poursuite criminelle au Canada.

Après avoir analysé les positions des deux parties, la Cour d'appel conclut que le ministre de la justice n'a pas erré et maintient l'ordonnance d'extradition.

«Au Canada, entre 2005 et 2011, plusieurs témoins collaborateurs ont reçu du cannabis directement de Racine afin de le transporter aux États-Unis. Les quantités de drogue étaient importantes. Elles pouvaient atteindre une centaine de livres de cannabis à chaque livraison», peut-on lire dans la décision de 14 pages de la Cour d'appel signée par l'honorable juge Martin Vauclair.

Rappelons qu'en plus d'avoir exporté et écoulé des centaines de milliers de kg de marijuana vers les États-Unis, en particulier dans la région de New York, l'organisation de Jimmy Cournoyer utilisait l'argent de la vente pour acheter de la cocaïne auprès d'un contact de la mafia italienne de Montréal installé en Californie.

«C'est certain que nous sommes un peu déçus car nous pensions que nous avions un cas assez clair de criminalité canadienne aux bénéfices de Cournoyer qui aurait pu être jugé au Canada», affirme Me Alexandre Bergevin, avocat conseil dans le dossier de Mario Racine. L'avocat entend maintenant analyser le jugement et n'exclut pas de demander l'autorisation d'être entendu en Cour Suprême.

Chronologie des événements :

• 9 aout 2010: Mario Racine est arrêté à Laval pour une affaire de plantation de 800 plants de marijuana

• 7 mars 2012: Un grand jury de l'État de New York dépose un acte d'accusation contre Racine, pour complot, possession et distribution de marijuana aux États-Unis, et recyclage des produits de la criminalité

• 5 octobre 2012: L'incarcération de Racine est ordonnée au Québec en attendant son extradition aux États-Unis

• 27 mars 2013: Le ministre fédéral de la justice ordonne son extradition. Racine s'adresse à la Cour d'appel pour faire casser l'ordonnance. 

Photo fournie à La Presse

Mario Racine