Même si RackNine Inc. dispose d'un système capable d'infliger «de sérieux dommages», l'entreprise savait peu de choses sur la personne qui lui a demandé de réaliser des milliers d'appels automatisés trompeurs durant les élections fédérales de 2011, a déclaré la propriétaire de la société mardi.

Matt Meier, qui dirige l'entreprise de télémarketing technologique établie à Edmonton, a affirmé lors du procès de Michael Sona à Guelph, en Ontario, que la capacité de RackNine à rejoindre un grand nombre de personnes en même temps en faisait un outil puissant, mais potentiellement dangereux.

Michael Sona, âgé de 25 ans, est accusé d'avoir «volontairement empêché ou tenté d'empêcher un électeur de voter», en lien avec une combine consistant à rejoindre 6700 numéros de téléphone à Guelph pour communiquer des informations trompeuses sur les bureaux de vote.

S'il est reconnu coupable, M. Sona est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison.

M. Meier a déclaré que le client qui a commandé les appels s'était présenté sous le nom de Pierre Jones, un étudiant universitaire de Joliette, au Québec, qui voulait s'en servir pour un projet d'études.

Les enquêteurs ont appris par la suite qu'il s'agissait d'une fausse identité. Le téléphone cellulaire utilisé pour appeler M. Meier était enregistré sous une autre fausse identité, Pierre Poutine, et la facture a été réglée avec des cartes de crédit prépayées impossibles à retracer.

Dans un courriel de suivi avec le client, M. Meier a indiqué qu'il travaillait habituellement pour des campagnes politiques et non des membres du public, et a demandé plus d'information.

M. Meier a également affirmé que la majorité de ses contrats étaient liés au Parti conservateur et provenaient du bouche-à-oreille. Le «client mystère» lui a dit qu'il avait été référé par le parti, et même s'il a précisé qu'il voulait obtenir le service pour un projet d'études, M. Meier ne l'a pas questionné pour obtenir plus de détails.

Mercredi, la cour entendra le témoignage d'Andrew Prescott, un ancien collègue de M. Sona au sein de la campagne conservatrice qui a accepté de témoigner pour la Couronne dans le cadre d'un accord d'immunité.