Dix ans après la chute de Cinar, son cofondateur Ronald Weinberg commence à subir son procès pour fraude en Cour supérieure, avec deux autres accusés, Lino Matteo et John Xanthoudakis.

On leur reproche d'avoir transféré illégalement 126 millions de Cinar aux Bahamas en utilisant des stratagèmes. Ils font face à des accusations de fraude, faux, usage de faux, et faux prospectus. Les actes reprochés se seraient déroulés entre 1997 et 2005.

Le procès, qui devrait durer cinq mois, se tient exceptionnellement en présence de 14 jurés au lieu de 12.  Le juge Pierre Labrie a fait valoir qu'il s'agissait d'une mesure de prudence, visant à parer aux imprévus, vu la longueur du procès. À la fin, seulement douze d'entre eux iront en délibérations. Le jury est composé de dix hommes et quatre femmes.

Ce matin, pendant 35 minutes, le procureur de la Couronne Matthew Ferguson a résumé la cause aux jurés, avec graphiques et tableaux à l'appui. Dès le début, il a voulu les rassurer en leur disant qu'ils n'avaient pas besoin d'expérience en finances, ni en comptabilité, ni en mathématiques, ni en droit pour comprendre la cause. Selon Me Ferguson, les jurés n'ont besoin que du gros bon sens qui permet de savoir la différence entre le bien et le mal.

Me Ferguson représente la Couronne avec Me Céline Bilodeau.

Cinar a été fondée en 1976 par Ronald Weinberg et son épouse, feu Micheline Charest. C'était une entreprise de films d'animation et éducatifs pour enfant. Cinar est devenue une compagnie publique cotée en bourse en 1993. Selon le résumé que Me Ferguson a fait ce matin, des dizaines de millions de dollars de Cinar ont commencé à être transférées dans des petites compagnies aux Bahamas. La majorité de ces entreprises avaient leur siège social dans le même bureau aux Bahamas. John Xanthoudakis était l'âme dirigeante des compagnies aux Bahamas (Norshield) et Lino Matteo était le patron de Mount Real Corporation. Les deux hommes étaient des associés de longue date, selon Me Ferguson.

En février 2000, le conseil d'administration de Cinar a réalisé que des millions avaient disparu. L'action de Cinar a perdu 70 % de sa valeur. De 32,60 $, elle a plongé à 10,25 $.

L'enquête policière a commencé en 2003. Trente-cinq millions de dollars n'ont jamais été récupérés.

C'est un enquêteur de la Sûreté du Québec, Sylvain Deschamps, qui a été appelé comme premier témoin.