Les comptes de dépenses extravagants de l'ex-directeur général de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis, gonflés par des fausses factures qu'il rédigeait lui-même, étaient parfaitement justifiés, selon un des vice-présidents de l'exécutif de la centrale, Renald Grondin.

Lors de son contre-interrogatoire, jeudi, au procès pour fraude et fabrication de faux de Jocelyn Dupuis, M. Grondin a déclaré que tout le monde était parfaitement au courant et approuvait la pratique, parce que l'accusé se remboursait ainsi les dépenses qu'il faisait avec de l'argent comptant pour les travailleurs syndiqués.

M. Grondin n'a toutefois pas été capable d'expliquer pourquoi Jocelyn Dupuis utilisait ce stratagème plutôt que de se faire rembourser avec des réclamations régulières qui auraient été imputées aux postes budgétaires appropriés.

Selon le témoin, tous des directeurs de la FTQ-Construction savaient qu'ils devaient aller voir Jocelyn Dupuis s'ils avaient besoin d'argent. Il a même ajouté que des syndicats affiliés à la centrale mère, la FTQ, comme les Teamsters et le Syndicat des machinistes, se tournaient parfois vers la FTQ-Construction pour obtenir des fonds.

Interrogé sur le train de vie de M. Dupuis, Renald Grondin a cherché à minimiser les affirmations de la Couronne en disant que la Corvette de l'accusé était «pas mal vieille», son Ford Explorer «pas très récent», sa maison «ben, ben, ben ordinaire». La Couronne lui a aussi rappelé qu'il possédait également un Winnebago, deux motos Harley Davidson et une BMW.

Quant au bateau de M. Dupuis, Renald Grondin a reconnu y avoir été invité, mais en précisant que c'était une embarcation modeste, sans cabine. Faisant référence au luxueux yacht de l'entrepreneur Tony Accurso, M. Grondin a déclaré: «C'est pas le Touch, c'est plutôt le Don't Touch!».