Des repas à 2000$ et 3000$, des bouteilles de vin à 295$ pièce, des frais de kilométrage ahurissants pour se déplacer au centre-ville de Montréal et dans les environs... L'ex-directeur général de la FTQ Construction, Jocelyn Dupuis, pouvait présenter les factures qu'il voulait, il ne se faisait jamais poser de questions.

«On n'avait pas de politique à ce sujet là. Je faisais confiance à la personne», a expliqué Rolland Brillon, comptable de la FTQ Construction, qui a témoigné ce matin au procès de Jocelyn Dupuis. Ce dernier est jugé sous des accusations de fraude et fabrication de faux documents. Le ministère public lui reproche d'avoir gonflé ses dépenses en modifiant les factures et en en fabriquant, tout simplement. Les accusations visent la période comprise entre décembre 2007 et novembre 2008. Selon le résumé que le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a fait ce matin devant la Cour du Québec, M. Dupuis a présenté 43 rapports de dépenses hebdomadaires pendant ces onze mois, pour un montant total de 225 000$. Quatre-vingt-dix pour cent de cette somme étaient des frais de repas.

À titre d'exemple, pour la semaine du 2 au 8 décembre 2007, M. Dupuis a présenté des frais de 6778$ qui lui ont été remboursés. Il y avait 4657 $ en repas, 1810 $ en hôtel, et 510$ en frais de kilométrage. Selon cette réclamation, M. Dupuis aurait parcouru 1417 kilomètres cette semaine-là, pour se déplacer au centre-ville de Montréal et dans les «environs.»

Du 11 au 27 mars 2008, M. Dupuis a présenté des factures pour des frais en Californie et au Nevada. Il en avait pour 11 175 $ en frais de repas. Le 25 mars, un seul repas pour lui et trois autres personnes aurait coûté 3342,51$ au restaurant Go Ristorante, à Hollywood. Il a aussi réclamé des frais pour 2778 kilomètres qu'il aurait parcourus pendant son séjour. 

Interrogé sur cette réclamation, M. Brillon n'a pas pu préciser dans quelles circonstances ces dépenses ont été faites, mais il pense qu'il pouvait s'agit d'un congrès. Il ignore cependant combien de temps au pu durer ce congrès. Il ne sait rien non plus des frais de kilométrage. «Ce n'était pas à moi de commenter. Je me fie au rapport que la personne soumet», a-t-il dit. M. Dupuis était le supérieur de M. Brillon. 

Me Dagenais a demandé à M. Brillon si quelque chose avait causé un émoi à la FTQ Construction, à l'été ou l'automne 2008. De fait, M. Brillon a raconté que le dossier des dépenses de M. Dupuis ne se trouvait plus dans la filière. Il l'a cherché partout, mais il avait bel et bien disparu. Il en a fait part à M. Dupuis. Après cela, à partir du 14 septembre 2008, les reçus de caisse en bonne et due forme étaient jointes aux réclamations de M. Dupuis.

M. Dupuis a été directeur-général de la FTQ-Construction de 1997 à 2008. Son procès se poursuit cet après-midi et devrait durer trois jours.

Il est à noter que dès le début du procès, ce matin, l'avocat de la défense, Jean-Daniel Debkoski, a demandé et obtenu que l'acte d'accusation soit scindé, afin que M. Dupuis soit jugé simplement sur les accusations de fraude et de faux documents cette semaine. La troisième accusation, qui consiste à avoir conseillé au secrétaire-trésorier de la FTQ-Construction de faire une fausse facture, fera l'objet d'un autre procès ultérieurement. Pour des questions de procédure et de temps, la Couronne était d'accord avec cette façon de faire.