Si Éric Daudelin est rapidement devenu un «sujet d'intérêt», lors de la disparition de Joleil Campeau, en juin 1995, c'est qu'il avait des antécédents judiciaires en matière d'agression sexuelle.

C'est ce que le jury a appris, ce matin, alors que l'avocat de l'accusé, Me Gilles Daudelin, contre-interrogeait le policier Serge Bouliane, au procès d'Éric Daudelin, qui se tient à Laval. M. Bouliane, maintenant retraité de la police de Laval, a mené l'enquête sur cette affaire, en 1995. Il a expliqué ce matin qu'Éric Daudelin était devenu un sujet d'intérêt dès le mardi 13 juin, soit le lendemain de la disparition de l'enfant. L'homme demeurait dans le quartier Auteuil, à Laval, à environ cinq km du domicile de Joleil Campeau. Les policiers se sont lancés à la recherche de M. Daudelin, et l'ont retrouvé le jeudi. Ils l'ont mis sous filature. Le vendredi matin, ils l'ont invité à se rendre au poste de police pour l'interroger, ce qu'il a accepté de faire. Il a aussi accepté que sa voiture soit fouillée. La petite Joleil n'avait pas encore été retrouvée à ce moment. Elle a été découverte en début d'après-midi le même jour, quand l'enquêteur Bouliane a fait assécher le ruisseau. Enfoncée dans la vase, la petite avait été agressée sexuellement et noyée.

Les analyses d'ADN n'avaient pas permis de relier M. Daudelin à la mort de Joleil Campeau à l'époque. Ce n'est qu'en 2009 qu'une corrélation a été faite entre un élément de preuve retrouvé dans le secteur du crime en 1995, et Éric Daudelin. Cet élément de preuve était une cagoule de laine. Les années écoulées avaient permis à la science d'avancer. Le 23 décembre 2009, un nouvel enquêteur au dossier, Martin Saillant, a reçu un coup de téléphone d'un biologiste judiciaire, qui avait réussi à établir un profil sur la cagoule. Il s'agissait du profil complet d'Éric Daudelin. 

Bernard Pominville, un physicien retraité, expert en reconstitution en scènes de crimes, a témoigné des expériences qu'il avait réalisées en juin 1995, dans le ruisseau dans lequel Joleil a été retrouvée. Selon lui, il est impossible que l'enfant se soit elle-même enfoncée dans la vase comme elle l'était. Il a fallu que quelqu'un appuie sur elle avec ses pieds ou ses mains, ou l'enterre.

Le procès se poursuit cet après-midi, à Laval.