Alors que son fils de 3 ans vomissait ses tripes après avoir eu l'intestin perforé, Barbara* a mis au moins 48 heures avant de l'amener voir un médecin. Et c'est son colocataire de l'époque qui l'a convaincue de le faire - celui-là même qui avait frappé l'enfant quelques jours plus tôt.

La mère de 26 ans, qu'on ne peut pas identifier, a été reconnue coupable de négligence criminelle, hier, au palais de justice de Montréal. «Terrible affaire», a lâché le juge Jean-Paul Braun en rendant son verdict.

Quant au colocataire de Barbara, Stéphane*, il a déjà plaidé coupable à une accusation de voies de fait graves. Il a été condamné à cinq ans de prison en janvier dernier.

La version de l'accusée était truffée d'«invraisemblances», a tranché le juge Braun, hier. La jeune femme croyait que son fils vomissait vert parce qu'il avait mangé un cornichon et «bu le jus». Le 4 décembre 2010, Barbara a amené son fils William* à l'hôpital, dans un état critique. L'enfant vomissait depuis au moins 48 heures. Il avait des ecchymoses à de nombreux endroits sur son corps, notamment autour du cou, et son intestin avait éclaté. Il avait aussi une fracture de l'humérus qui remontait à deux ou trois semaines.

Au procès, Barbara a désigné la fillette de 5 ans de Stéphane comme la grande responsable des blessures infligées à son fils. Elle a assuré n'avoir jamais vu Stéphane frapper le petit William. Or, une pédiatre spécialiste de la maltraitance, la Dre Laurel Anne Chauvin-Kimoff, est venue dire au procès que les blessures de William étaient incompatibles avec les explications de la mère.

Lorsque William a eu l'humérus fracturé, l'enfant s'est nécessairement plaint de douleurs, estime le magistrat. La mère aurait dû faire des recherches à ce moment-là. L'unique personne qui restait parfois seule avec son fils, c'était Stéphane. 

L'enfant a été opéré pour la rupture de son intestin et a survécu. 

*Prénoms fictifs