Une page de l'histoire criminelle du Québec et du Canada a été tournée mercredi au palais de justice de Montréal, alors que le dernier accusé de l'opération Colisée, la plus importante rafle antimafia jamais vue au pays, a été condamné.

Giovanni Petrella, 43 ans, qui était accusé de recel d'argent, a reçu une peine avec sursis de 18 mois, cependant assortie de restrictions particulièrement sévères imposées par la juge Geneviève Gratton, de la Cour du Québec.

Petrella a été arrêté le jour de la rafle du 22 novembre 2006 et accusé de complot, de trafic de stupéfiants et de gangstérisme, mais il a été acquitté. Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada l'ont toutefois rattrapé une nouvelle fois deux ans plus tard en compagnie d'autres complices, et il a été accusé de possession de biens criminellement obtenus. En gros, Petrella a fait pression sur un prolifique exportateur de marijuana vers les États-Unis, Kamel Mahmoud Aoude, pour qu'il rembourse des dettes de plusieurs milliers de dollars contractées auprès de ses fournisseurs, des individus liés à la mafia italienne de Montréal. L'écoute électronique révèle des sommes de plus de 30 000$, 70 000$ et même 190 000$. L'acte d'accusation révèle des exportations de plus de 280 livres de cannabis entre le 26 mars 2005 et le 18 janvier 2006. À plusieurs reprises, le nom de Petrella apparaît dans le résumé de 400 pages de l'opération Colisée.

Prison à domicile

La poursuite, représentée par Me Annie Piché, demandait 15 mois de prison ferme, faisant valoir l'importance des exportations au profit d'une organisation criminelle et les fortes sommes d'argent concernées.

De son côté, la défense, assurée par Me Marc Giroux et Me Marion Burelle, a souligné l'absence d'antécédent de l'accusé, sa vie familiale stable et ses difficultés à occuper un emploi à long terme. Après sa première arrestation, en 2006, Petrella a perdu son emploi au Casino de Montréal. Il a ensuite vivoté, occupant notamment des emplois de livreur de restaurant, avant de devenir gérant de bar.

Tenant compte autant des circonstances atténuantes qu'aggravantes, et considérant que le processus judiciaire «semble avoir eu des effets dissuasifs», la juge Gratton l'a condamné à purger sa peine dans la collectivité, tout en lui imposant des conditions sévères rarement vues.

Si tous les accusés arrêtés dans l'opération Colisée ont été condamnés, les causes de quelques-uns d'entre eux, dont l'ex-douanière Marilyn Béliveau, sont cependant toujours en appel. Un accusé, Ralph Duval, est toujours recherché.

L'opération

22 novembre 2006

700 policiers

90 arrestations

90 perquisitions

Six lieutenants de la mafia condamnés à des peines de 4 à 15 ans de prison