L'homme qui a fait un enfant à sa fille en plus de la contraindre à se prostituer avec d'autres hommes a été condamné à 10 ans de prison vendredi, au palais de justice de Montréal.

Debout dans le box des accusés, l'homme de 47 ans est resté impassible quand le juge laude Parent a rendu sa décision. Il n'a pas regardé dans la salle d'audience où se trouvaient son ex-conjointe et plusieurs femmes de la famille de celle-ci. Sa fille, qui ne voulait pas le revoir, attendait à l'extérieur de la salle.

Après l'audience, la fille et sa mère se sont étreintes, en pleurs. Les faits s'étaient produits à l'insu de la mère, alors que sa fille, vers la fin de son adolescence, était allée vivre chez son père biologique (l'accusé.) À la longue, le père s'était révélé extrêmement jaloux et possessif avec sa fille.

Il a abusé d'elle mentalement, sexuellement et physiquement. En mars 2010, la jeune femme s'est jetée d'une fenêtre du deuxième étage pour lui échapper et a rampé jusque chez une voisine pour demander de l'aide. L'homme a été arrêté et accusé.

Des tests d'ADN ont démontré qu'il est le père de l'enfant qu'a eu sa fille en 2004.

Cette semaine, l'accusé a plaidé coupable à des accusations d'inceste, de traite de personnes, de voies de fait avec lésions et de séquestration.

La procureure de la Couronne, Rachelle Pitre, demandait 12 ans de prison, tandis que Me Yves Gratton, en défense, en proposait huit. Le juge a coupé la poire en deux.

«En droit criminel canadien, pour une première sentence, c'est une peine qui peut être qualifiée de sévère, même d'exceptionnelle,» a commenté Me Rachelle Pitre, qui a par ailleurs salué le courage et la résilience de la victime.

«La première fois que j'ai pris connaissance des faits, j'ai été abasourdie qu'un être humain puisse se livrer à des gestes aussi odieux à l'endroit d'un autre être humain», a-t-elle confié.

Me Gratton, lui, ne semblait pas certain que son client avait bien compris ce qui venait de se passer. Pendant son incarcération, il était devenu inapte à être jugé en raison de problèmes psychiatriques. Soigné au moyen de médicaments, il est redevenu "apte" il y a un an.