Ils s'appelaient tous deux Maxime. C'étaient les deux meilleurs amis du monde. Aujourd'hui, l'un d'eux n'est plus, l'autre se retrouve derrière les barreaux pour les trois prochaines années parce qu'il a pris le volant ivre et causé la mort de son ami.

C'était la soirée du 19 juillet 2009, à L'Île-Bizard. Maxime Hunter était monté dans le véhicule de Maxime Hurtubise. Ils quittaient un party et se dirigeaient vers la fête suivante.

Hurtubise «avait le pied pesant», selon les mots de Sylvie Hunter, qui avait mis son fils en garde plusieurs fois.

Chemin Cherrier, Hurtubise aurait dévié dans une courbe, accroché un trottoir et perdu la maîtrise de son véhicule pour faire un tonneau et percuter un arbre. Hunter, qui ne portait pas sa ceinture, a été éjecté et s'est écrasé contre un gros rocher. Il a succombé dans les heures suivantes. Il avait 20 ans.

Hurtubise s'en est sorti avec des blessures. Un prélèvement sanguin a révélé que son taux d'alcoolémie était entre 118 et 134 milligrammes d'alcool par 100 ml de sang. Il conduisait à 80 km/h dans une zone de 50.

Dans les mois suivants, Maxime Hurtubise a été accusé de conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort. Lors de l'enquête préliminaire, de nombreux amis des «deux Maxime» sont venus témoigner de son comportement dans les heures précédant la tragédie. Déchirés entre la perte d'un ami et l'idée de faire condamner l'autre, ils ont apporté des témoignages peu éclairants, à quelques bribes d'informations près.

Mais hier, l'avocat de Maxime Hurtubise a annoncé que son client plaidait coupable.

Le juge de la Cour du Québec Denis Mondor a suivi la recommandation commune qui lui avait été soumise par les procureurs des deux parties et a ordonné l'incarcération de l'homme de 24 ans pour 3 ans.

Témoignage émouvant

Juste avant, les parents des deux amis avaient adressé au tribunal un témoignage très émouvant.

La mère de Maxime Hunter, Sylvie Hunter, a affirmé que ce verdict lui permettait de franchir une étape dans son deuil, mais a dénoncé les impacts des délais du processus judiciaire sur les familles.

«Pour les familles éprouvées, existe-t-il une façon de régler plus rapidement ces dossiers? a-t-elle demandé. [...] Chaque étape nous fait revivre la mort de notre enfant.»

Puis, se retournant vers Maxime Hurtubise, assis dans la salle, la mère affligée s'est adressée directement à lui.

«J'ai cessé d'avoir de la compassion pour toi quand tu as plaidé non coupable. J'aurais aimé que tu assumes ton comportement. Tu ne peux pas conduire de cette façon sans conséquence grave», avant de lui souhaiter de «retrouver [son] chemin dans la vie».

Pour sa part, le père de Maxime Hunter, Jean-Pierre, a reproché au jeune chauffard d'avoir attendu 4 ans avant de reconnaître sa responsabilité dans l'accident.

«Mon coeur brisé est à jamais malade, je suis cardiaque. Une séquelle permanente de la perte de mon Max», a-t-il soutenu.

La mère de Maxime Hurtubise a tenu à rappeler que sa famille était également affligée par cet accident mortel.

«Aujourd'hui, c'est la fin d'un long processus sur lequel nous n'avons eu aucun contrôle. Maxime a décidé de plaider coupable. Ça fait quatre ans que ça dure. C'est assez. Il aura toujours dans sa tête et son coeur son grand ami Maxime Hunter. Le mal est aussi intense dans les deux familles. Nous n'oublierons jamais Maxime Hunter.»