Le fait que les deux filles d'Adèle Sorella étaient mortes en même temps et qu'elles ne présentaient pas de marque de violence a incité les policiers à croire, au début de l'enquête, que leur mère les avait empoisonnées avec des médicaments. La suite de l'enquête allait leur démontrer qu'ils faisaient fausse route.

C'est ce que l'enquêteur François-Guy Delisle a admis hier, au procès d'Adèle Sorella, accusée du meurtre prémédité de ses deux filles. M. Delisle est cet enquêteur de la police de Laval qui a interrogé Mme Sorella pendant quatre heures, le 1er avril 2009, au lendemain de la découverte des cadavres des enfants. Pendant cet interrogatoire filmé, Mme Sorella a répété très souvent qu'elle ne dirait rien et qu'elle voulait retourner à sa cellule. L'enquêteur a poursuivi son interrogatoire dans l'espoir que la femme finisse par s'ouvrir. Il disait connaître le «comment» de la mort des filles, mais voulait savoir le «pourquoi».

Me Pierre Poupart, qui représente Mme Sorella, a abondamment questionné M. Delisle sur ces méthodes, hier. Il lui reprochait notamment d'avoir amorcé l'interrogatoire en présumant que Mme Sorella avait tué ses enfants.

«J'avais des motifs de croire qu'elle était impliquée. Dès le départ, j'ai posé plus de questions pour aligner l'enquête», a-t-il répondu, avant d'ajouter que Mme Sorella aurait pu dire qu'elle n'avait rien à voir dans la mort de ses enfants, ce qu'elle n'a pas fait. Elle niait même que ses filles étaient mortes.

Me Poupart a aussi reproché à l'enquêteur d'avoir affirmé des choses fausses à Mme Sorella. L'enquêteur a reconnu qu'il était en effet allé trop loin en disant à Mme Sorella qu'il savait que les enfants avaient été empoisonnés. «On était tous convaincus de l'empoisonnement. Je ne connaissais pas les résultats des autopsies, mais selon toute probabilité, c'est ce que ça allait démontrer.»

On sait aujourd'hui que ce n'est pas le cas. En fait, selon le discours d'ouverture de la Couronne, la cause de la mort d'Amanda, 9 ans, et Sabrina, 8 ans, est inconnue.