Angelo Cecere, cet interprète de la GRC qui avait sorti des documents confidentiels reliés à des projets d'enquête, a été condamné à un an de prison, jeudi, à Montréal.

En rendant sentence, la dernière de sa carrière puisqu'il prend sa retraite, le juge Gilles Cadieux a signalé que la gravité des offenses appelait une peine ferme de prison, même si l'accusé est handicapé. M. Cecere, qui souffre de rétinite pigmentaire, est presque aveugle.

L'homme de 60 ans avait plaidé coupable, en juillet dernier, à des accusations d'abus de confiance, et d'avoir divulgué des conversations privées. L'abus de confiance visait la période comprise entre le 22 juillet 1993 et le 18 juillet 2007. Il appert que M. Cecere, qui travaillait comme employé civil pour la GRC depuis 1991, entassait des documents relatifs à des enquêtes chez lui. La seconde infraction a été commise le 18 juillet 2007. Ce jour-là, M. Cecere avait travaillé sur la traduction de conversations du projet Colisée, qui visait la mafia. Dans la soirée, il a appelé son fils, Steven, et lui a demandé de venir le voir à la maison avec son ami, précisant que c'était «important».

M. Cecere était déjà sous enquête à ce moment, car la GRC soupçonnait qu'il y avait une taupe. Les policiers se sont donc postés près de chez M. Cecere. Le fils et l'ami sont arrivés chez M. Cecere et sont sortis un peu plus tard. Ils ont été interceptés par les policiers. L'ami s'est révélé être Nicola Di Marco, relié au crime organisé. Ce dernier avait en main des documents du projet Colisée, notamment des traductions d'écoute électronique, avec des annotations faites par M. Cecere. Certaines annotations suggéraient des moyens de défense.

Chien-guide

Jeudi, M. Cecere a pris le chemin de la prison dès après le prononcé de la peine. Lors des représentations sur la peine, Me Daniel Rock, son avocat, avait tenté de lui éviter la prison en faisant valoir qu'il ne pourrait pas y emmener son chien, qui l'assiste. Mais le chien de M. Cecere, même s'il a suivi des cours de dressage, n'est pas un chien-guide comme ceux qui sont entraînés par Mira, a noté le juge. Dans cette affaire, la procureure de la Couronne Lyne Décarie suggérait une peine de prison ferme de deux ans moins un jour, tandis que la défense demandait une peine à purger dans la communauté.

Scène particulière, jeudi, plusieurs juges de la Cour du Québec sont venus s'asseoir dans la salle d'audience, avant que le juge Gilles Cadieux fasse son entrée. Quand il est arrivé, ils l'ont chaudement applaudi. Le juge Cadieux, très apprécié dans le milieu, a reçu des hommages de ses collègues, ainsi que d'avocats de la Couronne et de la défense.