Furieux qu'un homme ait eu une relation sexuelle avec «sa bitch» sans payer, Evgueni Mataev a poignardé l'individu au cou, lors d'une fête dans un appartement de la rue Adalbert, le soir du 30 janvier 2011.

«Tu vois ce que je fais quand on me fait de quoi? Tu vois ce dont je suis capable», hurlait Mataev, pendant que des convives tentaient de le maîtriser et que l'homme ensanglanté l'implorait d'arrêter.

C'est ce que Sandy, celle que Mataev appelait sa «gangsta bitch», a raconté hier au procès de Mataev et de ses quatre coaccusés. Les cinq hommes, tous dans la trentaine, font face à des degrés divers à des accusations de traite de personne, de proxénétisme et d'agressions sexuelles envers Sandy (nom fictif), âgée de 25 ans. Mataev est de plus accusé de tentative de meurtre sur l'homme qu'il aurait poignardé le soir du 30 janvier 2011. Le procès s'est ouvert cette semaine, à Montréal.

Sandy a raconté que ce fameux soir, les autres convives ont reproché à Mataev d'avoir poignardé l'homme, car il fallait maintenant l'amener à l'hôpital. Selon Sandy, Mataev était hors de lui et sur «l'adrénaline», il ne voulait pas que l'homme aille à l'hôpital. L'individu est finalement parti avec d'autres personnes. Dès après, Mataev a demandé à Sandy de vite nettoyer le sang, car il craignait l'arrivée des policiers. «Il m'a crié: "Nettoie, bitch!" Il a jeté la nappe sur le plancher. Il y avait du sang partout. Il y avait des bulles dans le sang», a raconté Sandy. Les linges imbibés de sang, de même que le chandail taché de Mataev, et peut-être le couteau, ont été mis dans un sac, se souvient-elle. Sous les ordres de Mataev, Sandy et un jeune homme, David, sont allés brûler le sac et son contenu sous un viaduc. Des photos déposées en preuve démontrent que les policiers ont retrouvé plus tard un chandail partiellement brûlé sous le viaduc, avec du sang de la victime.

Outre d'immondes sévices sexuels qui lui étaient imposés, Sandy a aussi raconté d'autres pans de sa vie, pendant les six mois où elle a été avec Mataev. L'homme avait montré à Sandy comment faire différents transferts d'appels provenant de détenus dans les prisons, afin de brouiller les pistes. Et comme précaution supplémentaire, les interlocuteurs utilisaient un mélange de langues pour discuter, dont l'hébreu et le créole.

Sandy a aussi été envoyée à Ottawa avec une équipe de pickpockets mexicains. Ils volaient des cartes de crédit et s'en servaient pour acheter rapidement du matériel de prix, avant que la fraude soit découverte.

Le procès se poursuit vendredi avec la suite du témoignage de Sandy, qui est interrogée par le procureur de la Couronne Pascal Dostaler.