Les policiers de Saint-Jérôme enquêtent sur un début d'incendie d'origine criminelle qui s'est déclaré vers minuit hier dans un dispensaire de cannabis médical affilié à la chaîne Le 710.

L'endroit avait fait l'objet d'une perquisition policière il y a moins d'une semaine, dans le cadre d'une vaste opération, appelée Portillon, menée par la Sûreté du Québec et trois corps de police municipaux. Cette opération visait spécifiquement huit commerces de la chaîne Le 710. Ceux-ci recrutent des clients de cannabis thérapeutique.

Le local du dispensaire Le 710 de Saint-Jérôme, situé sur la rue Labelle, semble avoir été visé par un objet incendiaire lancé par une fenêtre, mais le début d'incendie a rapidement été contrôlé, a fait savoir le porte-parole du Service de police de Saint-Jérôme, Robin Pouliot. « L'enquête est en cours. Il n'y a eu aucun blessé et aucune arrestation pour le moment », a-t-il précisé.

Les commerces de la chaîne Le 710, affiliés à une entreprise montréalaise appelée l'Association des consommateurs de cannabis médical du Québec (ACCMQ), fonctionnent selon un modèle d'affaires souvent qualifié de « marché gris » dans l'industrie du cannabis. Ces dispensaires recrutent des clients en les aidant à obtenir une prescription médicale de cannabis grâce une entrevue médicale par vidéoconférence. Ils les dirigent ensuite vers des producteurs autorisés de cannabis médical - comme Tweed, Aphria ou Hexo (Hydropothicaire) - mais invitent aussi ces patients à se joindre à une coopérative de « producteurs désignés » qui ont des permis de Santé Canada pour faire pousser du cannabis à la maison.

Ces « producteurs désignés » ne peuvent vendre leur cannabis à quiconque, mais plusieurs sources affirment que leurs coopératives écoulent une partie de leurs stocks dans le réseau des dispensaires ainsi que sur certains sites internet illégaux.

Selon l'avocate Mylany David, spécialiste des enjeux liés au cannabis au cabinet Langlois, toute forme de cannabis vendue directement dans des dispensaires médicaux est illégale. « Dans le marché médical, c'est très, très clair, pour vendre du cannabis, il faut une licence de distribution et de vente. Peut-être qu'il y a une tolérance depuis quelques années, mais ce n'est pas parce que c'est toléré que ça devient légal », précise-t-elle.

Le propriétaire et promoteur de la chaîne Le 710, Albert Krespine, traîne un lourd dossier criminel incluant des peines pour vol de carte de crédit, possession de documents contrefaits, fraude, possession de biens criminellement obtenus et possession de cannabis, selon le plumitif.

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