Les parents du nourrisson retrouvé mort dans la voiture appartenant au père vendredi soir devant une garderie près du secteur Griffintown seront rencontrés au cours des prochains jours par les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin de « recueillir leur version des faits » et de reconstituer le fil des évènements.

Pour l'heure, l'hypothèse la plus probable est l'oubli par inadvertance, selon le corps policier.

Les paramédicaux qui sont intervenus auprès de l'enfant ont eu recours à du soutien psychologique par l'entremise d'un programme interne de « pairs aidants », a indiqué hier le porte-parole d'Urgences-santé, Stéphane Smith. « C'était un appel extrêmement difficile, a expliqué M. Smith. Le programme de pairs aidants permet aux paramédicaux de se confier à des collègues. C'est parfois plus facile de se laisser aller. »

Du soutien a aussi été offert au personnel de la garderie. L'enquête du SPVM se poursuit et le coroner doit mener une autopsie du corps de l'enfant.

«On ne devrait pas le juger»



« Comment peut-on oublier son enfant ? » La question surgit invariablement lorsqu'un bébé est oublié dans une voiture.

« Quand on oublie quelque chose, cet oubli n'est pas à la mesure des conséquences qu'il pourrait avoir », dit Rose-Marie Charest, psychologue et ex-présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Dans la conscience, explique-t-elle, un certain oubli ne prend pas plus de place qu'un autre. Ce sont les répercussions qui varient. Dans ce cas, elles ont été tragiques.

« Un accident, ça arrive, dit Hélène Fagnan, coach familiale et fondatrice de Nanny Secours, un regroupement de coachs familiaux et d'intervenants à domicile. On a besoin d'être plus empathiques. »

« Il faut suspendre son jugement dans ces situations, parce que nous ne sommes pas placés pour comprendre et qu'on ne comprend pas. On ne devrait pas le juger. »

« Le deuil d'un enfant, on dit que c'est le plus grand deuil, rappelle Mme Charest. Dans un deuil dans des conditions "normales", la culpabilité est le premier réflexe, alors on peut facilement imaginer que dans cette situation, la culpabilité est déjà là, très, très grande. »

«La vie va tellement vite»



« Ce que les gens reprochent à ces parents, c'est de ne pas avoir été complètement attentifs, observe Hélène Fagnan. Mais qui est attentif à temps plein, 24 heures sur 24 ? Personne ! [...] La vie va tellement vite, on fait les choses de façon routinière, tout n'est pas conscient et il est possible qu'on oublie une étape. »

Lors des Salons maternité paternité enfants de Montréal et de Québec, en avril dernier, René Tousignant, inventeur d'un dispositif qui rappelle aux parents la présence de l'enfant dans la voiture, raconte avoir reçu « une vingtaine de témoignages de personnes » qui avaient déjà laissé leur enfant dans leur voiture par inadvertance pour de courtes périodes.

Aux États-Unis, en moyenne, 37 enfants périssent chaque  année après avoir été laissés  dans un véhicule par une journée  chaude, d'après l'organisme KidsAndCars.org. 

Par ailleurs, selon Hélène Fagnan, les garderies pourraient avoir comme politique d'appeler les parents si un enfant manque à l'appel, comme c'est le cas dans les écoles. Un meilleur encadrement des absences pourrait en partie pallier les éventuels oublis des parents, d'après elle. 

Il a été impossible hier de joindre les responsables de la garderie où aurait dû être déposé le garçonnet.

Déclaration des absences



Pour l'heure, les CPE n'ont pas l'obligation de joindre les parents pour confirmer une absence. Les parents sont plutôt invités à informer le CPE si leur enfant sera absent. 

Certains établissements emploient différentes plateformes pour communiquer avec les parents. À Mirabel, un CPE utilise l'application AMISGEST et un message texte est systématiquement envoyé aux parents à 10 h si l'enfant est absent. Un CPE de Boucherville utilise un système de courriels.

Quant à l'opportunité d'une procédure uniforme qui serait appliquée à l'ensemble des CPE pour la gestion des absences, le cabinet du ministère de la Famille explique qu'on « ne peut faire un parallèle » entre la prise de présences à l'école et celle en CPE, « puisque l'instruction est obligatoire alors que ce n'est pas le cas pour l'utilisation des services de garde ».

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Des manoeuvres de réanimation ont été menées en vain sur le bébé.