La Maison Lebreux, à Petite-Vallée, a été la proie des flammes hier, un autre coup dur pour la municipalité gaspésienne, à peine remise de l'incendie qui a ravagé le Théâtre de la Vieille Forge, il y a neuf mois. La tenue du Festival en chanson n'est toutefois pas mise en péril par l'événement.

Petite-Vallée doit donc de nouveau faire face à l'adversité, le feu ayant emporté un autre édifice important du littoral gaspésien. 

« Ce n'est pas beau à voir, a déclaré à La Presse le directeur artistique du Festival en chanson et fils de la copropriétaire de l'auberge, Alan Côté. C'est une perte totale, c'est sûr. »

L'auberge était située à quelques pas seulement du Théâtre de la Vieille Forge, qui s'était envolé en fumée le 15 août dernier. La destruction de ce théâtre, centre névralgique du Festival en chanson, avait causé beaucoup d'émoi, tant chez les propriétaires et les habitants de Petite-Vallée que chez les nombreux artistes qui s'étaient produits dans la salle de spectacle au cours de leur carrière.

La Maison Lebreux était au coeur du Festival. C'était un endroit où s'arrêtaient tant les festivaliers que les artistes. De nombreux musiciens sont passés par là depuis son ouverture, d'abord dans les années 50 jusqu'à sa fermeture temporaire, puis de 1978 à aujourd'hui. À l'époque où le clergé interdisait aux gens de danser en public, « tout le monde se retrouvait là » pour jouer de la musique et danser en secret.

« Il y a eu tellement de musique dans cette maison, raconte Alan Côté, qui y est né et y a ensuite vécu de l'âge de 5 ans jusqu'au moment de partir faire ses études. On a toujours accueilli des artistes, qui sont devenus des amis. »

« UNE MAISON TYPIQUEMENT GASPÉSIENNE »

L'auteure-compositrice-interprète Marie-Pierre Arthur, dont la carrière est étroitement liée à Petite-Vallée et à son festival, dit à la blague être « la seule artiste du Québec à ne pas avoir déjà dormi là-bas ». Sa famille est originaire de Grande-Vallée, la municipalité voisine. Elle avait l'habitude d'aller manger à l'auberge et connaît bien les propriétaires.

« C'était une maison typiquement gaspésienne, où on pouvait sentir l'amour de partout, où cohabitaient plusieurs générations. »

La chanteuse se dit particulièrement triste que Denise Lebreux, qui tenait l'auberge depuis de nombreuses années, ait à subir ce drame, à 80 ans.

C'est le chanteur Louis-Jean Cormier, dont la mère est originaire de Petite-Vallée, qui lui a appris la nouvelle, par téléphone, hier. « Il avait le coeur gros », témoigne Marie-Pierre Arthur, ajoutant qu'elle est aussi très touchée par l'événement. Cette année, les deux artistes sont les passeurs (parrains) du Festival en chanson, qui a tant de signification dans leurs carrières musicales respectives et qui leur rendra hommage cet été.

« Connaissant Alan », elle sait que lui et l'équipe du festival géreront habilement la situation. Elle craint toutefois l'impact émotionnel que pourrait avoir sur M. Côté ce deuxième incendie à Petite-Vallée. « Ça fait beaucoup en moins d'un an », observe la chanteuse.

L'optimisme prime

À un mois du Festival en chanson, qui doit se dérouler du 28 juin au 7 juillet, Alan Côté est persuadé que la tenue de l'événement n'est pas mise en péril par ce drame, même s'il faudra reloger les dizaines de personnes que devait accueillir la Maison Lebreux. « Il va falloir faire pas mal d'ajustements, ça va être bien de la logistique, explique-t-il. Ma mère prenait les réservations à l'ancienne. »

Il invite toutes les personnes ayant réservé une chambre dans les prochaines semaines à communiquer avec les propriétaires de l'auberge par courriel.

Dans la tourmente, les propriétaires ne se laissent pas abattre. « On est assez optimistes de nature, déclare M. Côté. On est en colère, on a de la peine, mais c'est du matériel. Ça aurait été grave s'il y avait eu quelqu'un dedans. » Il assure qu'ils trouveront un moyen de reconstruire.

PHOTO FOURNIE PAR JACQUES-NOËL MINVILLE

C'est la deuxième fois en moins d'un an que la municipalité de Petite-Vallée, en Gaspésie, voit l'un de ses principaux édifices être détruit par un incendie.