Huit femmes et deux hommes ont été tués dans l'attaque à la fourgonnette-bélier, lundi après-midi à Toronto, ont précisé vendredi les autorités, en rendant publique l'identité des victimes.

Le coroner en chef de l'Ontario, Dirk Huyer, a révélé que les personnes tuées dans l'attaque sont âgées de 22 à 94 ans. Il a aussi confirmé que deux des victimes décédées étaient des ressortissants étrangers - un Sud-Coréen qui étudiait à Toronto et un Jordanien en visite chez des membres de sa famille.

Le docteur Huyer a expliqué que l'ampleur de la tragédie et de l'enquête en cours avait exigé plus de temps qu'à l'accoutumée, et que son bureau avait voulu s'assurer d'identifier correctement les victimes avant de publier leur identité. Son bureau a pu communiquer avec les familles des 10 personnes mortes lundi à Toronto.

«Nous avions besoin de ce travail additionnel pour nous assurer qu'il n'y ait aucune confusion», a-t-il déclaré en conférence de presse.

Alek Minassian, un Ontarien de 25 ans, a été accusé mardi de 10 chefs de meurtre au premier degré et de 13 chefs de tentative de meurtre. La police allègue que l'homme a loué une fourgonnette pour se diriger vers la très passante rue Yonge et y percuter des piétons.

La police a par ailleurs indiqué vendredi que le bilan des blessés s'est alourdi, pour se porter à 16. Les autorités devraient donc déposer trois nouveaux chefs d'accusation de tentative de meurtre lorsqu'Alek Minassian comparaîtra à nouveau dans deux semaines, le 10 mai.

«Tout le monde a souffert d'une tragédie épouvantable, une tragédie inattendue, inexplicable qui est inimaginable pour quiconque», a déclaré le docteur Huyer.

Au moins 12 personnes blessées sont toujours hospitalisées, a indiqué l'inspecteur Bryan Bott, qui n'a pas commenté leur condition.

Devant le nombre élevé de victimes féminines, M. Bott a refusé de dire si une population spécifique avait été ciblée par le suspect.

Une publication diffusée sur le compte Facebook de M. Minassian faisait l'apologie d'un meurtrier américain qui avait évoqué sa haine des femmes dans une vidéo enregistrée avant son massacre.

M. Bott n'a pas confirmé si le suspect de camionnette était bel et bien l'auteur de ce message. Il s'est contenté de dire que les activités en ligne de l'individu faisaient partie de l'enquête.

L'inspecteur Bott a affirmé que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) était impliquée dans l'enquête, qui consistera à rencontrer plus de 300 témoins au total et à examiner des dizaines de photos remises par des gens du public. Les policiers ont aussi fouillé bien sûr la résidence de l'accusé à Richmond Hill, a rappelé l'inspecteur Bott.

«Certainement que la preuve recueillie dans le cadre de cette enquête n'est pas au niveau du terrorisme, mais nous échangeons des informations d'un côté à l'autre», a-t-il déclaré.

La victimes de l'attaque de lundi

Renuka Amarasingha

Mère monoparentale d'un garçon de sept ans, Mme Amarasingha, âgée de 45 ans, était très active dans la communauté sri-lankaise de Toronto, a indiqué un membre du temple bouddhiste qu'elle fréquentait.

Le moine Ahangama Rathanasiri a raconté que Mme Amarasingha apportait chaque semaine des biscuits aux élèves de l'école du dimanche. Il précise que la communauté, déjà ébranlée dans ses certitudes sur la sécurité à Toronto, se mobilise par ailleurs pour soutenir le garçon, qui n'a maintenant plus de famille au Canada.

Le Conseil scolaire de Toronto a confirmé que Mme Amarasingha avait été employée des services d'alimentation dans différentes écoles depuis 2015. Selon le conseil, elle venait tout juste de terminer son premier jour de travail à l'école secondaire Earl Haig, lundi, lorsqu'elle a été fauchée.

Andrea Bradden

Âgée de 33 ans, de Woodbridge, en Ontario, Mme Bradden travaillait dans les bureaux torontois de Gartner, une société internationale de conseil et de recherche.

L'entreprise a indiqué qu'elle ne ferait aucun commentaire, à la demande de la famille.

Selon un média local, le «Caledon Enterprise», un blogue de condoléances brièvement mis en ligne sur le site de la firme avait publié plusieurs hommages.

Geraldine Brady

Selon la police, Mme Brady était âgée de 83 ans. Elle habitait Toronto.

So He Chung

Âgée de 22 ans, elle était étudiante à l'Université de Toronto.

L'Association des anciens de Loretto, l'école secondaire qu'elle avait fréquentée, a confirmé son décès. On précise par ailleurs qu'une autre victime de l'attaque de lundi, Anne Marie D'Amico, avait aussi fréquenté la même école secondaire catholique pour filles de North York.

Anne Marie D'Amico

Âgée de 30 ans, Mme D'Amico était employée d'Invesco Canada, une firme américaine d'investissement qui a des bureaux près du lieu de la tragédie. Ses collègues de travail ont souligné sa bonne humeur légendaire.

Tennis Canada a aussi indiqué que Mme D'Amico était bénévole chaque été, depuis l'âge de 12 ans, aux tournois de la Coupe Rogers. Elle avait commencé comme chasseuse de balles, avant de se hisser dans les échelons de l'organisation.

La jeune femme avait fréquenté l'Université Ryerson de Toronto. Un ancien camarade de classe, Abdullah Snobar, se souvient aussi de sa bonne humeur, de son large cercle d'amis et de ses succès académiques.

L'Association des anciens de Loretto a précisé qu'Anne Marie D'Amico avait fréquenté cette école secondaire catholique pour filles de North York.

Betty Forsyth

Betty Forsyth, âgée de 94 ans, vivait dans un complexe de logement communautaire situé près du lieu de l'attaque. Une voisine de Mme Forsyth a reçu un appel du neveu de celle-ci pour lui annoncer sa mort.

Selon sa voisine, Mary Hunt, Mme Forsyth était une femme enjouée qui aimait nourrir les oiseaux et les écureuils lors de ses promenades quotidiennes dans son quartier.

Tous ses voisins connaissaient Betty Forsyth parce qu'elle sortait tous les matins nourrir les animaux, affirme Mme Hunt, qui a été sa voisine pendant plus de dix ans.

Ji Hun Kim

Selon les autorités, le Sud-Coréen de 22 ans étudiait à Toronto.

Chul Min (Eddie) Kang

Âgé de 45 ans, cet employé du «Copacabana Brazilian Steakhouse», au centre-ville de Toronto, a été identifié comme l'une des victimes par ses collègues de travail.

Joao Barbosa a écrit sur Facebook que l'équipe du restaurant s'ennuierait de la «joie quotidienne» de Chulmin.

Une autre collègue, Mailee Ly, se souvient d'un jeune homme chaleureux et amical.

«C'est douloureux de savoir que je ne pourrai plus voir ton sourire radieux chaque fin de semaine, ou t'entendre dire bonjour à tout le monde avec ta voix énergique», a-t-elle écrit sur Facebook.

Munir Abdo Habib Najjar

Âgé de 85 ans, le Jordanien était en visite chez des membres de sa famille à Toronto. M. Najjar et sa femme étaient au pays depuis environ deux semaines lorsque l'attaque s'est produite, selon Harry Malawi, ami de la famille et président de la Société jordano-canadienne.

La famille voulait observer dans l'intimité une période de deuil de trois jours, précisait M. Malawi mercredi.

«Nous sommes solidaires, nous voulons les aider, de toutes les façons possibles, à panser leurs plaies.»

Dorothy Sewell

La mort de la dame de 80 ans avait été confirmée par son petit-fils, Elwood Delaney, de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Il a décrit sa grand-mère comme une maniaque de sports, qui «aimait presque autant les Blue Jays et les Leafs que sa propre famille».

«On ne pouvait rêver d'une meilleure grand-maman.»

Un voisin rencontré sur les lieux de recueillement, Paul Matusiewicz, a parlé de Mme Sewell comme d'une «âme adorable».