La tristement célèbre épave du cargo Kathryn Spirit, abandonnée dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Beauharnois en 2011, a été la proie des flammes, mardi.

La tristement célèbre épave du cargo Kathryn Spirit, abandonnée dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Beauharnois en 2011, a été la proie des flammes, mardi.

Les pompiers de Beauharnois aidés de leurs collègues des municipalités environnantes ont mis quelques heures avant de maîtriser le brasier duquel s'élevait, au plus fort de l'incendie, un imposant panache d'une fumée épaisse.

L'eau s'étant avérée inefficace pour venir à bout des flammes, les sapeurs se sont tournés vers la mousse pour enfin réussir à reprendre le dessus. L'incendie, qui avait été signalé en milieu d'avant-midi aux services d'urgence de Beauharnois, était considéré comme maîtrisé vers 14h.

Des experts d'Environnement Canada et d'Environnement Québec se sont rendus sur place afin de s'assurer de la sécurité des citoyens.

«On a dépêché sur place un laboratoire mobile pour mesurer la qualité de l'air extérieur», a expliqué Jonathan Davies, coordonnateur pour la Montérégie et l'Estrie d'Urgence environnement, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Le camion a sillonné les rues résidentielles les plus près ainsi que celles du secteur industriel où se trouve l'épave. «Il n'y avait aucune lecture de contamination dans l'air», a-t-il confirmé.

Il n'y a pas eu d'évacuations: les quelques résidences situées dans le secteur sont d'usage saisonnier et n'étaient pas occupées au moment de l'incendie.

L'événement survient alors que s'amorce le dernier chapitre de la longue saga du Kathryn Spirit.

Après des années de tergiversations, le gouvernement fédéral avait finalement octroyé l'an dernier un contrat de 11 millions à une coentreprise chargée du démantèlement. Ironiquement, une des compagnies responsables était celle-là même qui avait abandonné l'épave sur place en 2011.

Déjà, toutefois, durant l'hiver 2016-2017, un remblai avait été construit au site d'amarrage pour stabiliser le bateau, qui tanguait.

Produits dangereux

À la mi-décembre, la Garde côtière confirmait que les travaux de colmatage du navire étaient déjà commencés et que l'on s'apprêtait à le décontaminer avant de lancer l'opération de démantèlement comme telle.

Plusieurs produits dangereux ont déjà été répertoriés à bord du navire, notamment de l'amiante, des biphényles polychlorés (BPC), des produits de nettoyage, des huiles et des graisses. On soupçonne aussi la présence de plomb, de mercure, de gaz carbonique comprimé, d'organoétains, de cadmium, de chrome hexavalent et de matériaux radioactifs.

«Les fluides avaient déjà été vidangés, même s'il y a toujours un résiduel dans le fond du bateau», a précisé M. Davies.

L'épave doit être complètement déconstruite et retirée du site actuel d'ici septembre prochain.

Le site lui-même devra ensuite être décontaminé et devrait retrouver son état d'origine d'ici l'automne 2019.

Navire immobile, destiné à la dérive

Le Kathryn Spirit, construit en 1967, n'a plus de propriétaire depuis 2015, moment à partir duquel Ottawa a été saisi du dossier.

Le navire, qui effectuait autrefois du transport de marchandises, avait été remorqué à Beauharnois en 2011 par le Groupe St-Pierre qui voulait le démanteler dans le Saint-Laurent, pour le vendre ensuite à la ferraille. Ce projet avait toutefois été rejeté par la province et les résidants de la région.

Le navire avait ensuite été vendu à une entreprise mexicaine qui devait le démanteler au Mexique, mais qui a déclaré faillite.

Depuis la saga du Kathryn Spirit, Ottawa a ajouté des mesures à son Plan de protection des océans, pour éviter que de tels événements se reproduisent.