« Tout ça nous paraît incompréhensible. Pourquoi ça nous est arrivé ? » C'est avec beaucoup d'émotion que la famille de Blessing Claudevy Moukoko a conduit l'adolescent de 14 ans à son dernier repos hier. De nombreux proches, amis et membres de la communauté congolaise ont tristement salué le jeune garçon, maintenant leur « petit ange ».

« On dit qu'en temps de guerre, le père enterre son fils et qu'en temps de paix, c'est le fils qui enterre son père. Pourtant, aujourd'hui, j'enterre mon fils. » La voix de Jean-Claude Moukoko a résonné fort dans l'église Sainte-Odile de Montréal, où se sont entassées jusqu'à la toute fin des dizaines de connaissances de la famille Moukoko.

Blessing Claudevy Moukoko est mort à l'hôpital le 21 février, près d'une semaine après avoir été découvert gisant au fond de la piscine du centre sportif voisin de l'école Père-Marquette. L'élève de deuxième secondaire venait de suivre un cours de natation. Encore aujourd'hui, les circonstances entourant le drame restent un mystère complet.

RECUEILLEMENT

« Pourquoi Blessing ? Pourquoi ? », a laissé lourdement tomber le père de l'adolescent. La touchante cérémonie, à laquelle les parents avaient autorisé l'accès aux médias, a débuté par un long recueillement devant le cercueil du défunt, recouvert d'une gerbe de roses blanches et bleues, placé devant l'autel de l'église.

Plusieurs camarades de classe de Blessing Moukoko et autres élèves de l'école secondaire située dans le quartier de La Petite-Patrie étaient présents. Les membres de son équipe de basketball portaient leur jersey, d'autres élèves avaient enfilé un chandail noir sur lequel il était inscrit Rest in peace au-dessus de la photo du jeune, reproduite avec les ailes d'un ange.

« C'était un jeune homme d'exception, beau, drôle, travaillant et surtout d'une extrême gentillesse. Un premier de classe. »

- La professeure de mathématiques de Blessing Claudevy Moukoko

« On s'attendait à ce qu'il y ait beaucoup d'absences après le décès, mais au contraire, les élèves étaient tous présents. Ils avaient besoin les uns des autres. »

Plusieurs chants traditionnels congolais ont par moments allégé l'atmosphère avec leur musique plus rythmée. Des proches de la famille avaient fait le voyage depuis le Congo, où était né l'adolescent. « Il était au Canada en pensant qu'il pourrait s'épanouir en cette terre. Le destin en aura décidé autrement », a ajouté M. Moukoko.

COMMUNAUTÉ ENDEUILLÉE

Le député de Rosemont et chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a assisté à la cérémonie en compagnie de sa conjointe, en plus d'être invité à prendre la parole. « Je suis père de cinq enfants et je sais comment ces vies sont indissociables de la nôtre, mais nous ne pouvons que supposer votre peine », a-t-il déclaré.

« Ce drame a frappé chacun des citoyens de Rosemont. Nous sommes tous tristes. Nous sommes avec vous », a enchaîné le chef politique. L'enseignante du jeune Moukoko a aussi témoigné que toute la communauté de l'école Père-Marquette avait été touchée « droit au coeur » par le « décès précipité » de l'adolescent.

« Il s'agit aujourd'hui de la perte d'un précieux trésor », a résumé un oncle. Blessing Claudevy Moukoko laisse dans le deuil ses parents et ses six frères et soeurs. « Il était comme un père pour moi. Je voudrais lui dire que je l'aime beaucoup, que j'aurais été toujours là pour lui, moi aussi, mais il est trop tard », a dit son petit frère.

POURSUITE POSSIBLE

Les parents de Blessing Moukoko, Jean-Claude Moukoko et Évelyne Mavoungou-Tsonga, comptent par ailleurs réclamer justice, a fait savoir hier l'avocat de la famille, Jean-Pierre Ménard. Le garçon suivait son cours d'éducation physique le matin du drame avec sa classe d'une vingtaine d'élèves. C'est le groupe suivant qui a découvert l'adolescent gisant au fond de la piscine. « Il y a un trou d'environ vingt minutes dans la surveillance. On ne sait pas si le cours était terminé et si la responsabilité de surveillance se terminait avec la fin du cours. C'est une question qui est centrale », a indiqué l'avocat. « C'est ça qu'il faut qu'on éclaircisse. » La poursuite pourrait donc viser la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et la Ville de Montréal. La piscine municipale est utilisée par la CSDM. Selon les informations de MMénard, « il semble que la surveillance est engagée par la Ville ». Un professeur d'éducation physique était aussi sur place pour le cours. « Qui faisait quoi et quand, c'est ce qu'il reste à déterminer », a résumé l'avocat.