Deux hommes dans la vingtaine reposaient dans un état critique à l'Unité des grands brûlés vendredi après avoir été surpris par une explosion pendant une opération de transformation de cannabis, à Mirabel.

« Il y a eu un bruit d'explosion vers 4 h du matin, et on a entendu un cri de mort. Je me demandais c'était quoi... J'ai regardé devant chez nous et il y avait un gars en feu qui roulait dans la neige. Il y en avait un autre dans la rue avec le toupet en feu », a raconté à La Presse Julio Tavares, résidant de la rue Saint-Michel, dans le quartier résidentiel de Mirabel où a eu lieu la déflagration.

La conjointe de M. Tavares est sortie porter secours aux victimes. Une autre voisine, infirmière de profession, leur a ensuite prodigué les premiers soins avant l'arrivée des ambulanciers.

Les deux hommes, gravement brûlés, ont été transportés à l'Unité des grands brûlés du Centre hospitalier de l'Université de Montréal. « On craint pour leur vie », a affirmé hier l'agent Pierre Morel, porte-parole de la police de Mirabel.

Opération dangereuse

Selon ce qu'a appris La Presse, c'est un procédé de transformation du cannabis pour en extraire de la résine ou de l'huile au moyen d'un solvant apparenté au naphta qui serait à l'origine de l'explosion. 

Cette méthode est reconnue  pour être extrêmement dangereuse, car elle nécessite de chauffer un solvant extrêmement inflammable afin de concentrer  le mélange. Elle est souvent  à l'origine d'incendies mortels.

La maison sinistrée est séparée en deux appartements locatifs et le propriétaire, un comptable, n'habite pas sur les lieux. Ce dernier n'a pas voulu parler de l'affaire, hier. Outre les deux hommes brûlés, une femme dans la vingtaine a aussi été blessée, mais plus légèrement. Elle se trouvait dans le second appartement. Jusqu'à récemment, son logement était occupé par un couple avec de jeunes enfants.

Les enquêteurs de la police de Mirabel ont déjà commencé à rencontrer des témoins.

Il est trop tôt pour déterminer l'implication de chaque personne dans cette affaire.

Jurisprudence abondante

Les tribunaux ont souvent eu à se pencher sur ce genre de dossier et la jurisprudence en cette matière est abondante. En 2011, la Cour du Québec avait déterminé que la production d'huile de cannabis au moyen de solvants amenait « une prévisibilité des dommages matériels et des blessures ».

En 2013, le Tribunal administratif du Québec avait confirmé la décision de l'Indemnisation des victimes d'actes criminels (IVAC) qui refusait de verser le moindre sou à un homme brûlé sur 25 % de son corps à la suite d'une explosion similaire. L'homme n'avait pas participé à la transformation du cannabis, mais il avait « contribué à son propre malheur » en restant sur place pendant la dangereuse opération, selon le Tribunal.

En mars dernier, Jean-Luc Viens, résidant de Saint-Hyacinthe, a été condamné par la Cour d'appel à 15 mois de prison pour avoir tenté de produire de la résine de cannabis avec du combustible pour le camping et avoir, par sa négligence, contribué à provoquer un incendie dans l'appartement dont il était responsable. Il s'était blessé au passage.

Lors de son interrogatoire, on lui avait demandé si l'opération pouvait être faite de façon sécuritaire. 

« Ce n'est jamais sécuritaire », avait-il répondu.