« Quand c'est ton heure, c'est ton heure. » Un ami des deux jeunes de 17 et 21 ans qui ont péri sur le boulevard des Vétérans, en plein quartier résidentiel, cherchait les mots pour décrire sa peine, visiblement ébranlé par le sort que la vie a réservé à ses camarades. En compagnie de quelques connaissances, il se recueillait sur les lieux du drame lors du passage de La Presse, samedi.

Six personnes, dont trois femmes, étaient à bord d'un Dodge Challenger quand, pour une raison encore inconnue, le conducteur âgé de 21 ans a perdu le contrôle du véhicule, vers 3 h. L'auto a fait une embardée avant de percuter une glissière de sécurité près d'un ruisseau. La voiture a rapidement pris feu sous la force de l'impact.

Le bruit a réveillé des voisins qui ont tenté d'extirper les victimes prisonnières de l'habitacle tout juste avant l'arrivée des autorités. « J'étais sorti, quand je suis revenu chez nous, j'ai vu la voiture en feu », a poursuivi le jeune homme, qui a préféré ne pas être identifié. C'est devant le terrain de la maison de sa grand-mère, avec qui il habite, que l'accident s'est produit.

VITESSE

« Des voisins sont venus pour aider, lui, au coin de la rue, a sauvé deux personnes », a-t-il ajouté. Sur le sol, des traces de combustion étaient bien visibles. Selon les premières constatations, la vitesse aurait joué un « rôle déterminant » dans l'accident, a indiqué le porte-parole de la police locale, les Peacekeepers de Kahnawake, David Lahache.

Une enquête est ouverte pour tenter d'éclaircir les circonstances du drame.

« Maintenant, nous en sommes à évaluer s'il y a eu d'autres facteurs déterminants. Est-ce qu'il est question de drogue, d'alcool ou d'une distraction, tout ça reste à voir. »

- David Lahache, porte-parole des Peacekeepers de Kahnawake

Les enquêteurs ont d'ailleurs déjà rencontré le conducteur, qui n'a subi que des blessures mineures. Il devra faire face à la justice demain, au palais de justice de Longueuil. 

En fin de journée samedi, les autorités avaient encore bien peu de détails sur les trois filles impliquées dans l'accident. Deux des passagères ont été conduites à l'Hôpital général de Montréal pour des blessures sérieuses. L'une d'entre elles a notamment été plongée dans un coma artificiel en vue d'une intervention chirurgicale, a indiqué M. Lahache.

La troisième a repris connaissance samedi et devait aussi recevoir la visite des enquêteurs. Au moment d'écrire ces lignes, l'âge et le lieu de résidence des femmes n'étaient pas connus. Selon la police, il se pourrait qu'elles soient de Châteauguay. Les trois hommes impliqués, dont les deux qui ont perdu la vie, habitaient à Kahnawake, ont confirmé les autorités.

« C'EST UN MOIS DIFFICILE »

La mort des deux hommes de 17 et 21 ans porte à cinq le nombre de membres relativement jeunes de la communauté qui ont perdu la vie depuis octobre. « C'est un choc, il y a tellement eu de morts ce mois-ci », a indiqué l'ami rencontré. Une femme de 28 ans a succombé à une chute dans le fleuve du haut d'un pont ferroviaire près de Kahnawake, le 13 octobre.

Dans la même semaine, un plaisancier mohawk de 39 ans a aussi péri en sautant à l'eau pour tenter de déprendre l'ancre de son bateau sur le lac Saint-Louis. Un autre homme de 42 est mort subitement d'un malaise, un peu plus tôt dans le mois. « C'est un mois difficile », a laissé entendre M. Lahache.

Il n'est pas exclu que des services spéciaux de soutien soient mis en place dans la foulée de ces tragédies qui secouent la communauté de quelque 8000 âmes.

La Sûreté du Québec a été appelée en renfort pour appuyer les Peacekeepers dans l'enquête sur la collision mortelle. Le périmètre de sécurité bouclant le voisinage a été levé un peu avant midi.

L'identité des victimes n'avait pas été dévoilée samedi en soirée.

- Avec La Presse canadienne

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Six personnes prenaient place à bord du même véhicule quand, pour une raison encore inconnue, le conducteur en a perdu la maîtrise.