Une gardienne qui a laissé un bébé de 1 an seul dans un logement où un incendie s'est déclaré, dans l'est de Montréal, a été arrêtée et sera vraisemblablement accusée de négligence criminelle.

Des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui menaient une intervention tout près ont sauvé la vie de la petite fille en la sortant de l'appartement en feu.

La mère de la petite Athéna, Marie Saint-Amour, savait que sa voisine avait eu des problèmes de consommation de drogue et qu'elle avait déjà eu maille à partir avec la justice. «Mais elle disait qu'elle était en train de s'en sortir, explique la jeune femme. Quand elle s'occupait de ma fille, elle ne voulait même pas prendre une gorgée de bière. Elle s'en occupait bien et gardait aussi parfois un autre petit voisin.»

Selon l'Agence QMI et TVA, il s'agit de Josée Milot, 49 ans, une femme qui traîne de lourds antécédents criminels, avec des accusations pour vols, voies de fait et prostitution. Selon des voisins, la femme avait visiblement les facultés affaiblies lorsque les policiers l'ont arrêtée.

Marie Saint-Amour était cependant convaincue que sa voisine était digne de confiance. C'est pourquoi elle lui avait confié sa fille pendant qu'elle prenait quelques jours de répit pour aller visiter des amis en Ontario.

«J'avais besoin d'elle seulement pour une nuit. Pour les autres jours, j'avais l'aide d'un organisme qui offre du répit aux mères en s'occupant des enfants», explique- t-elle.

«[Ma voisine] m'a téléphoné vers 23h pour me dire qu'il y avait une opération policière dans le bloc à côté, à cause d'un homme barricadé. Elle m'a rassurée en me disant que tout était correct, qu'il n'y avait pas de danger.»

Or, peu après cette conversation, un feu de cuisson a pris naissance dans l'appartement. Selon ce que Mme Saint-Amour a pu apprendre, la gardienne aurait quitté le logement avant l'incendie, ou au moment où celui-ci s'est déclaré, sans emmener la fillette. «Elle a sorti son chien, mais a laissé mon bébé là», déplore-t-elle.

«Quand elle m'a rappelée vers 1h, elle m'a dit que l'incendie était dans l'appartement au-dessus et que ma fille était dans l'ambulance, mais qu'elle était correcte.»

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Athéna et sa mère, Marie Saint-Amour.

Coup de chance et expérience

Des policiers du Groupe d'intervention du SPVM se trouvaient tout près du lieu de l'incendie, pour s'occuper d'un homme barricadé dans son logement. Des passants les ont prévenus du début d'incendie dans l'immeuble en face.

Informés qu'un bébé se trouvait dans un appartement du troisième étage, les agents y sont montés, équipés de leurs extincteurs. Une épaisse fumée s'échappait par la porte entrouverte du logement. 

«On a tenté d'entrer, mais il y avait un mur de chaleur intense et on ne voyait rien à cause de la fumée», raconte le sergent Hugues Thibault. 

Une lueur orangée leur indiquait que le feu faisait rage dans la cuisine, à l'arrière. 

Avec des collègues, le sergent Thibault est sorti à l'arrière de l'immeuble, par le deuxième étage, pour remonter vers le brasier par l'escalier de secours. 

«Le feu roulait sur tout le plafond de la cuisine, relate- t-il. En se relayant, on a vidé une douzaine d'extincteurs pour réduire l'intensité des flammes.»

Pendant ce temps, d'autres policiers tentaient toujours d'entrer par la porte avant du logement, en rampant, et essayaient de localiser le bébé, guidés par ses pleurs. 

«Elle se trouvait dans un parc pour bébé, au ras du sol, ce qui l'a sans doute sauvée, en la protégeant un peu de la fumée, dit le sergent Thibault. Si nous n'avions pas déjà été tout près, l'enfant serait possiblement décédée.»

Le policier met sur le compte de la longue expérience des membres de son équipe leur capacité à prendre les bonnes décisions rapidement. «Et quand tu entends un bébé pleurer dans un appartement en feu, ça te pousse à agir rapidement.»

Le bébé, qui a été incommodé par la fumée, a été conduit à l'hôpital, tout comme quatre des policiers. De plus, un agent a subi des brûlures aux mains. La petite se portait bien jeudi, selon sa mère.

PHOTO SIMON GIROUX, LA PRESSE

«Si nous n'avions pas déjà été tout près, l'enfant serait possiblement décédée», dit le sergent Hugues Thibault.