« Marilyn, on t'aime. On t'attend à bras ouverts et tu nous manques tellement. » La voix étranglée par l'émotion, Andrée Béchard a lancé ce matin ce cri du coeur à sa fille Marilyn Bergeron, disparue à Québec il y a neuf ans. Dans l'espoir de la retrouver, une récompense de 30 000 $ est désormais offerte à toute personne qui offrirait de l'information à son sujet.

« Nous espérons toujours que Marilyn soit vivante », ont affirmé ce matin Andrée Béchard et Michel Bergeron, les parents de la disparue, aux côtés de l'avocat Marc Bellemare, lors d'un point de presse à Montréal. Même si neuf ans se sont maintenant écoulés, les parents de Marilyn Bergeron refusent d'abandonner. « L'espoir est grand. L'espoir nous garde vivants de retrouver notre fille et ça stimule l'enquête. On veut stimuler cette enquête », a martelé sa mère, Andrée Béchard.

Marilyn Bergeron, alors âgée de 24 ans, a disparu le 17 février 2008 à Québec dans des circonstances suspectes. Ce jour fatidique, elle avait tenté de retirer en vain de l'argent au guichet automatique de la caisse Desjardins de Loretteville. Quelques heures plus tard, elle avait acheté un café au Café Dépôt dans le quartier Saint-Romuald, à Lévis. La veille de sa disparition, Marilyn Bergeron avait quitté prestement son appartement de Montréal pour se réfugier à Québec, « inquiète » et « perturbée », selon ses parents.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

Marilyn Bergeron est portée disparue depuis le 17 février 2007.

Ainsi, en augmentant de 10 000 $ à 30 000 $ la récompense pour retrouver Marilyn Bergeron, Me Marc Bellemare espère que les « langues vont se délier » parmi les proches de la disparue ou les responsables de sa disparition. « Après neuf ans, les relations sont différentes, les remords sont peut-être plus forts aussi et l'intérêt de couvrir telle ou telle personne. Nous ce qu'on veut, c'est retrouver Marilyn, c'est tout. Idéalement de la retrouver vivante, savoir ce qui s'est produit pour que la famille puisse vivre en paix. Dans la situation actuelle, c'est absolument intenable », a soutenu l'ex-ministre de la Justice, qui s'est engagé à traiter les appels de façon confidentielle.

La mère de la jeune femme, qui serait maintenant âgée de 33 ans, supplie les proches de Marilyn de les aider à relancer l'enquête. « Notre famille est convaincue qu'il y a des gens parmi vous qui savent des choses et qui n'ont jamais osé les dire. Il est grand temps de sortir du silence. S'il vous plaît, faites-le », a-t-elle déclaré.

Même si c'est à Québec qu'elle a disparu, c'est à Montréal que se trouve la clé de l'énigme de la disparition de Marilyn Bergeron, selon ses parents. « Marilyn habitait Montréal depuis trois ans, sa vie était à Montréal, son entourage était à Montréal. Si vous avez des renseignements concernant notre fille, n'hésitez pas à contacter Me Marc Bellemare », a répété Andrée Béchard.

À son arrivée à Québec, Marilyn Bergeron était apeurée et bouleversée, a raconté sa mère ce matin. La jeune femme lui avait confié la veille au téléphone qu'elle avait « peur de rester » à son appartement de Montréal, sans lui dire pourquoi. « Elle baissait la tête et me regardait. Je lui ai dit : Marie, as-tu un problème amoureux ? Non, maman ce n'est pas ça. Est-ce que c'est la drogue ? Non, maman. As-tu des dettes ? Non, maman, ce n'est pas ça. Je l'ai regardé : as-tu été agressée ? Là, elle a baissé les yeux, elle a pincé la bouche. Les larmes ont commencé à couler et je l'ai prise dans mes bras et on a pleuré ensemble », a raconté Andrée Béchard avec émotions. Quelques heures plus tard, la jeune femme disparaissait.

La Sûreté du Québec doit enquêter, selon Marc Bellemare

Selon Me Marc Bellemare, il est plus que temps que la Sûreté du Québec prenne en main l'enquête menée depuis neuf ans par le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). En 2015, une telle demande de la famille Bergeron effectuée auprès de la ministre de la Sécurité publique en 2015 avait été refusée, une décision « déplorable », soutient l'avocat.

« Le meilleur corps de police, le plus expérimenté, le mieux équipé en terme technique, d'expérience, d'effectif et qui a une juridiction sur l'ensemble du territoire, c'est la Sûreté du Québec. [...] Est-ce qu'on ne pourrait pas demander à la Sûreté du Québec d'ouvrir un dossier officiellement, de réviser les documents d'enquête ? C'est ce que la famille mérite. C'est assez élémentaire. Ce n'est pas un blâme contre la police de Québec », a affirmé Me Bellemare.

La police de Québec assure que l'enquête sur la disparition de Marilyn Bergeron est «toujours active» et donne son appui à la démarche de la famille. «Si ça peut nous amener d'autres éléments supplémentaires, tant mieux. Mais on rappelle aux gens que s'ils ont des informations à nous donner, ils peuvent contacter le 418-641-AGIR [2447]. C'est traité de façon confidentielle», a indiqué l'agent Pierre Poirier, porte-parole du SPVQ.

Marilyn Bergeron mesure 1,70 m (5'7''). Elle pesait 52 kg (115 lb) et avait les cheveux bruns au moment de disparition. Ses yeux sont verts. Elle a un tatou en forme de pégase sur le côté droit de sa poitrine. La famille de la disparue demande à toute personne détenant de l'information à ce sujet de contacter de façon confidentielle Me Marc Bellemare au 418-681-1227.

La Presse AndreTremblay.com

Sur cette photo, la soeur de la disparue distribuait des feuilles pour la retrouver, en 2009.