Un virulent incendie a jeté une centaine de personnes à la rue, lundi après-midi, à Cartierville, à Montréal. Les flammes ont pris naissance dans un appartement d'un immeuble à logements situé au 5450 Dudemaine. Au moins 48 logements ont été endommagés par les flammes ou par l'eau.

« J'étais chez mon ami et nous avons commencé à sentir l'odeur de brûlé », raconte Amed Chebi, rencontré près des autobus de la Croix-Rouge où une vingtaine de personnes évacuées avaient trouvé refuge. « Je ne me souviens pas avoir entendu une alarme. C'est un propriétaire [ou un locataire] qui est venu cogner à la porte et nous a dit de sortir. »

L'incendie s'est déclaré vers 13 h dans un appartement du troisième étage d'un bâtiment comptant 96 logements divisés en quatre sections de 24 logements. Rapidement, les flammes se sont propagées au quatrième et dernier étage puis ont traversé par le toit un mur coupe-feu pour gagner une deuxième section. Ce sont donc 48 appartements qui ont été touchés, a expliqué Ian Ritchie, chef aux opérations Service aux incendies de Montréal.

« Le bâtiment sectionné en quatre parties de 24 logements par section. Pour une raison qu'on ne sait pas, le feu passé d'une section à l'autre par le toit de thermos, donc 48 logements ont été évacués », a-t-il expliqué en milieu d'après-midi.

Le CPE Cartierville situé en face de l'immeuble a immédiatement ouvert ses portes aux personnes évacuées, le temps que les autobus de la Croix-Rouge soient dépêchés sur les lieux.

« On ne pouvait pas les laisser dehors, il fait beaucoup trop froid, a déclaré la directrice de l'établissement Liette Grégoire. Il y avait des gens pas de manteau, un petit bébé nu-pieds, une petite fille qui était collée sur sa mère. Ça n'avait pas de bon sens. »

Mme Grégoire raconte que la vingtaine de personnes a ensuite été prise en charge par la Croix-Rouge. Le nombre augmentait à mesure que la journée avançait et que les locataires revenaient du travail.

Le choc du retour

Vers 16 h, un jeune homme s'est approché du périmètre de sécurité pour constater les dégâts. Omar Balt revenait de travailleur et constatait avec désolation qu'il ne pourrait pas retourner chez lui avant un bon moment.

« C'est la grosse surprise... », a-t-il laissé tomber, sans cesser de regarder en direction de l'immeuble qu'il habite depuis deux ans avec sa copine. « Nous habitons au rez-de-chaussée, alors j'ai espoir que nous ne serons pas trop touchés. Nous irons chez des amis, mais je voulais voir de mes propres yeux et je vais attendre des nouvelles détaillées. »

Un coin de rue plus loin, une dame est sortie d'une voiture en se précipitant vers l'immeuble incendié. Elle venait de voir un reportage à la télévision et a reconnu l'immeuble où habite sa tante.

« C'est une vieille dame. Je dois aller chercher ses médicaments dans son appartement », répétait-elle en brandissant la carte d'assurance-maladie de sa tante de 77 ans. Marie Esther Ridoré et son mari ont été pris en charge par les pompiers.

Intervention difficile par temps glacial

L'incendie a nécessité une cinquième alerte, dépêchant près de 150 pompiers sur les lieux. Une situation attribuable davantage à la température avoisinant les -15°C qu'à l'ampleur du brasier.

« Quand il fait très froid, l'eau gèle rapidement, a expliqué le chef des opérations. Les gars travaillent sur le toit avec le vent et l'eau, alors on doit s'assurer d'une bonne rotation des pompiers. »

Le feu n'a fait aucun blessé, ni pompier, ni locataire. Les premiers éléments d'enquête ne laissaient pas croire à un incendie criminel.