Le «prince du pot» a comparu par vidéoconférence, samedi après-midi, au palais de justice de Montréal, et a été accusé de complot, de trafic de stupéfiants et de possession dans le but d'en faire le trafic. Marc Scott Emery, le copropriétaire de Cannabis Culture, a été remis en liberté moyennant une caution de 5000 $ et une liste de conditions à respecter en attendant son retour en cour prévu le 15 février prochain.

Jeudi, M. Emery a ouvert en grande pompe huit commerces où toute personne de plus de 19 ans pouvait y acheter illégalement de la marijuana à des fins non médicales. Après à peine deux jours d'opérations, la police de Montréal a mené des perquisitions vendredi soir dans six des huit boutiques Cannabis Culture. Les policiers ont saisi 18 kilos (40lbs) de cannabis, de l'argent comptant et de l'équipement servant au trafic de cannabis. Dix personnes ont été arrêtées, dont le copropriétaire Marc Emery. 

Samedi, le militant s'est présenté devant le juge Salvatore Mascia pour obtenir une remise en liberté. L'homme, vêtu d'un gilet bleu et d'un pantalon beige se tenait droit, la main droite dans sa poche et l'autre tenant la rampe du box. Il semblait décontracté et n'a pas bronché lors de l'énumération de sa liste de conditions à respecter. 

M. Emery a pu recouvrer sa liberté moyennant un dépôt de 5000 $, un engagement à garder la paix, la promesse de continuer de résider à son domicile de Toronto, l'interdiction d'entrer en contact avec les neuf autres personnes arrêtées, l'interdiction de communiquer avec des individus liés à la culture de cannabis au Québec et l'interdiction de posséder et consommer des stupéfiants, hormis en vertu d'une prescription médicale. 

Marc Emery, 58 ans, s'est engagé à respecter ces conditions et reviendra en cour le 15 février pour la suite des procédures. 

Pas d'accusations pour Jodie Emery

Jodie Emery, la femme de Marc Emery et copropriétaire de Cannabis Culture a aussi été arrêtée, selon ce qu'elle a écrit sur Twitter. « J'ai été arrêtée à notre hôtel de Montréal la nuit dernière et libérée plusieurs heures plus tard sans accusations, a écrit la militante, samedi midi. C'est la première fois qu'on me passe les menottes. » Mme Emery signifie dans un autre tweet qu'elle n'a plus accès à son téléphone ni à son ordinateur. 

Les neuf autres personnes arrêtées en même temps que Marc Emery ont été relâchées dans la nuit de vendredi à samedi sous promesse de comparaître. Les accusés sont Williamson Jean Cafe Bedard, 31 ans, Maria Grazia Cilla, 46 ans, Anthony Santacroche, 23 ans, Chantelle Pydyn, 27 ans, Chris Feldman, 29 ans, Jamey Guitard, 28 ans, Morgan Gelber, 19 ans, Tamara Thomas, 20 ans, et Vanessa Ganley, 27 ans. Ils sont aussi accusés de complot, de trafic de stupéfiants et de possession dans le but d'en faire le trafic.

Le maire lève son chapeau aux policiers

Le maire de Montréal, Denis Coderre, est revenu sur les arrestations lors d'une entrevue avec La Presse en marge de la cérémonie de l'Ordre de Montréal, samedi après-midi.

« Je suis satisfait. J'ai dit : "écoutez, mettez vos énergies pour le processus législatif". Vous avez un premier ministre qui a dit que ça va être légal éventuellement. Ne venez pas faire un stunt ou un show en attendant. Ça ne donne absolument rien. Les policiers ont fait un travail remarquable. La loi est là. J'ai lu vos éditoriaux. Quand la loi est claire, il faut la faire respecter tout simplement. Mais on ne comprend pas pourquoi ils font ce genre de gestes-là étant donné qu'on sait que la légalisation de marijuana va arriver. Alors chapeau à nos policiers qui ont fait ça de façon professionnelle.»    

- Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron