Au procès de Jean-Claude Savoie, lundi, un expert en reptiles a expliqué que les pythons de Seba ont un odorat très aiguisé et peuvent devenir plus agressifs s'ils détectent la présence d'une proie potentielle.

Le fait que les enfants ont visité une ferme d'animaux peu avant d'avoir été tués a pu contribuer à attirer le serpent vers eux, a fait valoir Bob Johnson.

Le python de Seba devient particulièrement agressif quand il détecte la présence de traces de nourriture et une attaque ne serait vraisemblablement pas survenue si l'odeur corporelle des garçons n'avait pas été imprégnée de celles d'animaux, a soutenu celui qui a été le grand responsable des reptiles au Jardin zoologique de Toronto pendant 36 ans.

Jean-Claude Savoie est accusé de négligence criminelle ayant causé la mort de Connor Barthe, âgé de six ans, et de son petit frère Noah, âgé de quatre ans.

Les enfants sont morts lorsqu'un python de Seba est tombé du plafond sur leur lit, le 5 août 2013, à Campbellton, au Nouveau-Brunswick. L'accusé est propriétaire de l'animalerie située en dessous de son appartement. Les frères Barthe passaient la nuit chez leur ami, fils de M. Savoie.

L'herpétologiste Johnson a indiqué lundi matin aux onze jurés que l'odorat très aiguisé du serpent lui permet de détecter facilement une proie dans son environnement. «Ces garçons pourraient avoir agi comme stimulants pour le serpent», a-t-il dit.

Jeudi dernier, le pathologiste qui avait pratiqué les autopsies avait révélé que les deux garçons étaient morts étranglés par le python; le serpent a aussi mordu les enfants à plusieurs reprises.

La Couronne tente de démontrer que le python s'est évadé de son vivarium par un conduit d'air et que M. Savoie a omis de sécuriser le couvercle reliant cette conduite d'air à l'appartement.

Après avoir transité par le conduit d'air, le serpent serait tombé sur les amis du fils de M. Savoie qui dormaient dans le salon. Le troisième garçon, qui dormait dans une autre chambre, n'a pas été attaqué par le reptile.

L'avocat de la défense, Leslie Matchim, avait fait valoir en ouverture de plaidoirie, lundi, que son client croyait que le serpent était trop gros pour entrer par la conduite et qu'il n'avait donc pas jugé qu'il était nécessaire de sécuriser son accès.

M. Savoie a eu tort, a admis Me Matchim, ajoutant toutefois que cela ne signifiait pas qu'il avait fait preuve de négligence criminelle.

Dans son témoignage de lundi, M. Johnson a dit que tous les enclos de serpents du zoo de Toronto sont protégés par des grillages formant un système de portes doubles.

L'avocat de la défense est par ailleurs revenu sur le témoignage d'une bénévole à l'ancienne animalerie de M. Savoie, qui a relaté que ce dernier lui avait raconté, avant que le drame ne se produise, que le serpent avait pénétré dans le conduit d'aération. Me Matchim a précisé que le serpent n'avait pu se rendre qu'à la moitié de ce conduit.

Contre-interrogé sur le fait que plusieurs témoins ont décrit le serpent comme plus gros que sa taille réelle, M. Johnson a pour sa part répondu qu'il était courant que le diamètre d'un reptile soit mal évalué et exagéré.