Un autobus scolaire rempli d'adolescents du Collège Saint-Hilaire a été percuté de plein fouet par une voiture, hier, à la sortie des classes à une intersection de la route 116 jugée très dangereuse par des résidants du quartier. L'impact a été brutal : une femme de 18 ans de Beloeil a été tuée sur le coup, et l'autre occupant du véhicule, un homme de 19 ans, a été grièvement blessé. Vingt-cinq élèves ont été transportés à l'hôpital, dont six pour des blessures sérieuses.

Claire Gosselin habite à l'intersection du boulevard Sir-Wilfrid-Laurier (route 116) et du chemin Authier, à Mont-Saint-Hilaire, à quelques mètres de l'accident. Infirmière aux urgences depuis trois décennies, c'est elle qui est arrivée la première sur les lieux, alors que les carcasses fumaient toujours. « Je suis sautée tout de suite dans l'auto. L'homme avait les yeux grands ouverts, il ne bougeait plus. Je me disais : "Oh my god, pas deux morts dans l'auto ! Qu'est-ce que je fais ?" », raconte-t-elle à La Presse, dans sa cuisine, deux heures après les événements.

Dopée par l'adrénaline, Claire Gosselin a usé de toutes ses forces pour garder la tête de l'homme bien droite pendant ses convulsions. Puis, un pompier volontaire est finalement venu lui prêter main-forte. « Je me sentais démunie, je n'avais pas de gants. J'avais les mains pleines de sang jusqu'aux coudes. Il était en train de mourir. Je lui criais : "Reste avec moi ! Je ne veux pas que tu t'en ailles. Je t'ordonne de rester !" D'habitude, on donne un soluté au patient, mais là, je n'avais rien ! », lance-t-elle en mimant ses gestes. Le blessé, un homme de 19 ans originaire de Beloeil, reposait dans un état critique hier au moment de publier, a indiqué le capitaine Yannick Parent, de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent.

Quelques mètres plus loin, Catherine Galic-Leclerc est sortie de sa voiture pour accourir sur la scène. Elle s'est immédiatement rendue au chevet d'une quinzaine de jeunes blessés sortis péniblement de l'autobus, renversé sur le côté par la violente collision. « La première ado avait de la misère à respirer, elle avait mal dans le dos et avait du sang plein le visage. Les trois filles n'étaient pas là, elles étaient étourdies. Elles ont toutes eu un coup sur la tête », raconte l'élève de 18 ans.

Pendant une vingtaine de minutes, Catherine Galic-Leclerc a mis à l'épreuve ses techniques de secourisme apprises chez les cadets de l'air auprès d'un garçon et de trois adolescentes de 14 à 16 ans blessés notamment au visage. Elle est restée avec eux pendant 20 minutes jusqu'à leur départ en ambulance. « C'était la première fois que je secourais des personnes. Je n'ai jamais vécu un choc comme ça, c'est quand même un autobus scolaire ! C'est une première expérience que je n'oublierais pas ! », s'exclame la jeune femme qui aimerait devenir policière.

Les résidants du quartier interrogés par La Presse sont unanimes : l'intersection est dangereuse et doit être sécurisée par les autorités. Depuis quelques années, c'est le troisième incident impliquant un autobus à survenir à cet endroit, se scandalise Claire Gosselin. « C'est toujours la même chose. L'autobus veut traverser et une voiture le frappe d'aplomb. C'est toujours à grande vitesse. »

Dans ce segment de la route 116, en direction de Sainte-Madeleine, la vitesse maximale est de 90 km/h. Mais selon Lyne Perreault, une résidante du quartier, des automobilistes roulent beaucoup plus vite, souvent au-delà de 140 km/h, voire à 200 km/h pour des motos. Un cocktail explosif, alors que matin et soir, un convoi d'une douzaine d'autobus scolaires tente de traverser cette intersection aux allures d'autoroute.

Claire Gosselin et son mari Sylvain Beauchemin demandent aux autorités d'agir rapidement pour sécuriser l'intersection en réduisant la vitesse permise à 70 km/h, en augmentant la surveillance policière et en installant un feu de circulation en fonction pendant une partie de la journée.