Même si l'enquête sur Cédrika Provencher a connu un rebondissement important avec la découverte des ossements de la fillette, vendredi, le suspect numéro un demeure, huit ans plus tard, un résidant de Trois-Rivières que les enquêteurs ont sur leur écran radar depuis le début, selon ce que des sources ont indiqué à La Presse hier.

Ce «sujet d'intérêt» correspond à la description d'un suspect châtain, âgé de 30 à 40 ans, qui disait avoir perdu son chien et qui le cherchait dans un bois situé près de la maison de Cédrika Provencher, le jour de la disparition de la fillette de 9 ans, le 31 juillet 2007.

À cette époque, le jeune homme était propriétaire d'une Acura rouge quatre portes avec poignées chromées et toit ouvrant, qui correspondait à un véhicule suspect qui avait été aperçu à quelques reprises dans ce secteur résidentiel ce jour-là.

Après avoir enquêté auprès de 260 propriétaires d'Acura semblables, les enquêteurs ont porté leur attention sur cet individu en 2008. Mais ce dernier a refusé de les rencontrer et de se soumettre au polygraphe. Les enquêteurs ont obtenu un mandat pour saisir sa voiture. Le véhicule a été envoyé aux États-Unis pour expertise, mais aucune trace de sang ou d'ADN de la fillette n'avait été trouvée.

L'individu avait seulement été «rencontré», mais puisque les enquêteurs n'avaient pas d'éléments de preuve, ils n'ont pu l'arrêter formellement et procéder à un interrogatoire en règle. L'homme avait aussi requis les services d'un avocat.

Course contre la montre

Une source a indiqué à La Presse que la Sûreté du Québec (SQ) possède pour le moment uniquement le crâne de la fillette, découvert vendredi par des chasseurs dans une forêt située à 12 kilomètres de la maison familiale. Une autre source a toutefois confié que les policiers auraient trouvé d'autres éléments, sans préciser lesquels.

Même si, à la SQ, personne n'a voulu confirmer ou infirmer ces informations, la police est lancée dans une véritable course contre la montre - avant l'arrivée des premières neiges - pour tenter de découvrir, dans cette forêt très dense, d'autres restes de la fillette ou des indices, comme des lambeaux de vêtements de la victime ou d'autres objets appartenant à Cédrika Provencher ou à son agresseur.

De telles découvertes, si elles se réalisent, pourraient permettre aux enquêteurs de récupérer des traces d'ADN, même si huit ans se sont écoulés depuis la disparition de la fillette, et de faire des bonds importants dans l'enquête, nous a-t-on dit.

Tout porte à croire que c'est d'abord l'analyse de la fiche dentaire qui a permis aux enquêteurs, qui possédaient déjà toutes les informations pertinentes sur Cédrika Provencher, de confirmer que le crâne retrouvé est celui de la fillette.

Du jamais vu

Hier, pas moins de 200 policiers, spécialistes de la recherche, ont été dépêchés dans la forêt où les restes ont été trouvés. «Je n'ai jamais vu ça», nous a confié un policier.

Nos sources n'excluent pas que les autres ossements de la fillette aient pu être dispersés dans la forêt par des animaux, une éventualité qui complique les recherches, d'autant plus que la végétation a poussé en huit ans et que sept tapis de feuilles se sont ajoutés en autant d'automnes.

Les battues devraient se poursuivre encore aujourd'hui, jusqu'à ce que les policiers aient atteint leurs objectifs quant à la superficie du territoire à ratisser.

Visiblement, le directeur général de la Sûreté du Québec, Martin Prud'homme, qui était le patron des Crimes contre la personne lorsque Cédrika Provencher a disparu en juillet 2007, est déterminé à tout mettre en oeuvre pour que cette fois-ci soit la bonne.

- Avec la collaboration de Denis Lessard

Utile ou non, le maître-chien?

Après la découverte d'ossements de Cédrika Provencher dans la forêt, la Sûreté du Québec a fait appel à un maître-chien, mais a finalement décidé de ne pas le déployer, jugeant vraisemblablement que la démarche serait inutile en raison des nombreuses années écoulées depuis le crime. Guy Lapointe, président de l'Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage et ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada, croit que le maître-chien aurait dû tout de même être utilisé. «Cela ne coûtait rien d'essayer. C'est vrai que plusieurs années se sont écoulées, mais il peut encore y avoir des lambeaux de vêtements, et des odeurs peuvent encore être perceptibles, surtout durant les journées humides, dit-il. En Nouvelle-Écosse, des morceaux de chair ont été retrouvés après quelques années. Le temps rend la tâche plus difficile, mais elle n'est pas impossible», conclut le spécialiste du dressage de chiens.