L'un des plus importants symboles de la guerre des motards sera détruit demain matin à Trois-Rivières. Près de 25 ans après sa construction, l'ancien bunker appartenant aux Hells Angels, confisqué par le tribunal, sera démoli. Les travaux devraient être terminés d'ici deux semaines.

En mai dernier, quatorze membres en règle du groupe criminel ont plaidé coupables à une accusation de complot pour meurtre dans le cadre de l'opération SharQc. Plusieurs d'entre eux étaient associés au chapitre de Trois-Rivières. Ces aveux conjoints de culpabilité ont permis au Procureur général du Québec de confisquer le bunker. La ville de Trois-Rivières a tout de suite ordonné la démolition de l'immeuble. La destruction sera financée à même les profits découlant de la confiscation des biens de la criminalité. 

La municipalité a aussi renoncé aux taxes impayées de plus de 72 000 dollars. Trois-Rivières va récupérer le terrain, évalué à 67 000 dollars une fois les travaux terminés. Le terrain pourrait être transformé en résidence privée ou commerciale.  

Une semaine après la confiscation, une quinzaine de membres du club de motards et sympathisants avaient dû vider le bunker. Le «déménagement»  s'était fait sous haute escorte des policiers de la Sûreté du Québec et de la Sécurité publique de Trois-Rivières. 

Le maire satisfait

Joint par La Presse, le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, se réjouit de la fin de cette «saga». Au début des années 2000, il avait offert aux Hells Angels d'acheter leur bunker pour le transformer en centre communautaire. Par la suite, il avait fait enlever certains éléments de fortification sur le bunker, comme des persiennes blindées et des vitres à l'épreuve des balles, jugées non conformes aux règlements municipaux. En 2006, le maire avait aussi fait retirer le logo lumineux des Hells Angels à l'extérieur de la bâtisse. 

«Je suis très content de la fin de ce dossier-là. Ça va enlever une mauvaise marque de commerce dans la Ville. Surtout que c'était sur le bord de l'autoroute, ça donnait vraiment une mauvaise image», indique Yves Lévesque en entrevue. En 2009, les nombreuses arrestations dans le cadre de l'Opération SharQc mettent fin aux activités du Bunker. La maison fait alors l'objet d'une ordonnance de blocage de la part du gouvernement du Québec à titre de bien infractionnel.  

Par le passé, le bunker des Hells Angels a été l'un des quartiers généraux des cinq chapitres des Hells Angels sur le territoire québécois. Au tournant des années 2000, les Hells y ont tenu d'importantes fêtes annuelles visant à célébrer l'anniversaire du chapitre trifluvien. La démolition du bunker commencera à 6 h 30 ce mardi matin. 

-Avec la collaboration de Daniel Renaud

Les quatre autres bunkers des Hells Angels

Sherbrooke

Le bunker des Hells Angels à Sherbrooke accumule les taxes municipales impayées. Les trois principaux actionnaires de l'entreprise, tous membres en règle du groupe de motards, n'ont pas payé les taxes municipales depuis l'opération SharQc en 2009. Le montant total de la dette est maintenant évalué à 30 000$. La propriété est évaluée à 350 000$.

Sorel-Tracy

En octobre 2008, un homme place plusieurs bidons remplis d'essence dans un camion-citerne volé et fonce dans le local des motards, provoquant une explosion qui détruit la bâtisse. Le 16 mars dernier, les terrains du bunker sont confisqués. Depuis 2009, les propriétaires ont accumulé une dette de plus de 41 000$ auprès de la Ville de Sorel en taxes impayées.

Saint-Basile-le-Grand

Le 28 mars 2001, cinq individus sont arrêtés à l'intérieur du bunker pour gangstérisme. Trois ans plus tard, le bunker est saisi. Le local a été détruit le 30 janvier 2006. Deux résidences privées ont été construites sur les terrains vacants.

Lévis (Saint-Nicolas)

La section a vu le jour en 1988, en plein milieu d'un quartier résidentiel de Saint-Nicolas, sur la rive sud de Québec. Après l'explosion d'une bombe devant un repaire des Hells vers la fin des années 90, des citoyens ont manifesté contre la présence du bunker, qui a finalement été saisi et détruit à la suite d'une longue bataille judiciaire.