Aussi rocambolesque que cela puisse paraître, deux jeunes femmes ont accouché dans une voiture à quelques heures d'intervalle ET dans la même bretelle d'autoroute vendredi dernier, dans l'ouest de la métropole.

Même si le 1er avril approche, l'histoire est bien réelle et est arrivée deux fois en une douzaine d'heures, à l'intersection de l'autoroute Décarie et du chemin de la Côte-Saint-Luc.

Un premier bébé, un garçon, est d'abord né dans un taxi dans la nuit de jeudi à vendredi. Puis, en début d'après-midi, une fillette a vu le jour au même endroit. Les deux poupons et leurs parents se portent à merveille.

Même si elle n'est âgée que de 4 jours, la petite Lexie a déjà une bonne anecdote en banque à raconter à ses futurs amis. Son père revient sur sa naissance inusitée. «J'étais au travail lorsque j'ai appelé ma conjointe pour lui proposer de lui offrir un massage, puisqu'elle se plaignait de douleurs au dos», raconte Alexandre Fuentes.

Sa conjointe, Mijanou Jodoin, lui rapporte alors la perte du bouchon muqueux, mais ajoute n'avoir encore aucune contraction. Elle contacte l'hôpital, qui l'invite à s'y rendre tranquillement. Alexandre Fuentes va donc la chercher à leur maison de L'Île-des-Soeurs.

C'est là que les choses se mettent à débouler. Les contractions s'amorcent subitement, à des intervalles de quelques minutes. «Dans l'auto, elle sentait que le bébé était bas. Une fois sur l'autoroute Décarie, près de la sortie Saint-Luc, elle me disait que sa tête sortait», explique le nouveau père, qui se range alors sur l'accotement.

Après vérification, il découvre avec stupéfaction la tête du nouveau membre de leur famille. «Et c'est là que ma blonde a elle-même tiré un peu sur la tête. Et tout le reste a suivi. Tout s'est fait très vite», explique le père, qui estime à une vingtaine de minutes la période entre les premières contractions et l'arrivée du bébé.

Comme M. Fuentes avait entre-temps alerté le 911, une première équipe de patrouilleurs arrive à peu près au même moment, suivie de près par des ambulanciers d'Urgences-Santé. «C'est une maman fantastique, super calme. Elle s'est accouchée elle-même dans la voiture», louange Marie-Ève Beaulieu, une des deux ambulancières dépêchées sur place. «Dans notre travail, on est confronté à toutes sortes de situations, alors un événement heureux comme celui-là nous met sur un petit nuage», ajoute-t-elle.

Alexandre Fuentes souligne également le travail des policiers. «Trois autopatrouilles sont venues au total. C'est agréable de voir les policiers dans un autre contexte que celui qu'on voit parfois dans les médias», souligne M. Fuentes. Sa conjointe a obtenu rapidement son congé de l'hôpital. Le couple a déjà une fille, Malia.

«On pensait que c'était une bagarre»

Quelques heures avant la naissance de Lexie, la banquette arrière d'un taxi s'est momentanément transformée en salle d'accouchement, toujours au même endroit en bordure de l'autoroute Décarie. Cette fois, deux policières du Service de police de Montréal ont dû jouer les sages-femmes.

«On suivait un véhicule pour enquêter sur sa plaque, lorsqu'on a vu le taxi rouler avec ses feux clignotants. En nous voyant, le conducteur s'est rangé sur l'accotement, on pensait que c'était une bagarre», raconte l'agente Caroline Dufour, qui n'est pas près d'oublier son expérience.

Au lieu d'une bagarre, les policières ont eu droit à une naissance très expéditive. «La tête du bébé était déjà là. J'ai juste tendu les bras et il est sorti. Je n'ai même pas eu le temps de dire: "Poussez, madame!"»

Comme si cette histoire n'était pas déjà assez improbable, le hasard a voulu que la partenaire de l'agente Dufour, Mira Lévesque, eût déjà aidé une femme à accoucher dans une baignoire dans le passé. Elle savait donc comment réagir.