Les plongeurs de la Sûreté du Québec ont finalement reçu le feu vert pour entamer les recherches afin de retrouver le corps d'Enrick Gagnon, 45 ans, ce conducteur de train dont la locomotive a plongé dans la rivière Moisïe à la suite d'un déraillement, jeudi matin.

«Nous avons eu la confirmation que le site était sécuritaire pour les plongeurs de la SQ, a expliqué l'agente Josée Langlois, de la SQ. Mais, avec la complexité de l'approche du site, ils doivent préparer leur équipement.»

C'est une équipe du ministère des Transports qui a terminé les expertises géotechniques des sols afin de déterminer s'il était possible d'y travailler dans des conditions sécuritaires.

Aucune plongée n'a pu avoir lieu vendredi, toutefois, en raison de l'heure tardive. Les plongeurs ont cependant pu installer leur équipement et les premières plongées auront lieu samedi matin.

Pendant ce temps, les équipes d'Urgence-environnement, qui avaient installé jeudi une première estacade pour capturer le carburant diésel ayant fui de la locomotive submergée, en ont installé une deuxième au même endroit, à 12 kilomètres en aval de l'accident.

Ils en ont également installé une autre beaucoup plus près, à 500 mètres de l'affaissement de terrain et d'autres à la hauteur du pont de la route 138, où la rivière se jette dans le Golfe du Saint-Laurent, soit à 20 kilomètres du déraillement.

«Il y a une fine couche à la longueur de la rivière jusqu'au Golfe, sur 20 kilomètres. Il est trop tôt pour se prononcer sur d'éventuels impacts. Nous faisons de l'échantillonnage depuis aujourd'hui (vendredi) pour connaître les impacts du déversement sur la qualité de l'eau de la rivière», a précisé Frédéric Fournier, porte-parole d'Urgence-environnement.

Une fois que l'on aura déterminé la quantité de diésel échappé et, donc, la profondeur de la couche polluante, les experts pourront déterminer s'il faut pomper le carburant ou s'il suffira d'utiliser des absorbants en surface.

La locomotive qui s'est retrouvée sous l'eau transportait 17 000 litres de diésel dans ses réservoirs et il a déjà été déterminé qu'elle fuit toujours. On demandera d'ailleurs aux plongeurs de la SQ d'aller colmater cette fuite, une fois qu'ils auront retrouvé le corps du conducteur disparu.

«On va leur expliquer quoi faire et superviser le travail. Tout indique que la fuite a lieu par l'évent de la locomotive et il s'agit simplement d'aller colmater ça», a expliqué M. Fournier.

Du côté de la compagnie minière IOC, on a indiqué que les opérations se poursuivent tant à la mine de Labrador City qu'aux installations portuaires de Sept-Îles. Ces dernières venaient de recevoir le convoi de minerai et le train de 240 wagons et 3 locomotives, qui était vide, retournait vers la mine.

«On peut continuer l'extraction de minerai à la mine; on peut continuer avec les matériaux qui étaient déjà rendus aux installations portuaires. Maintenant que le site est sécurisé, on doit aller faire les premières évaluations qui vont nous permettre de déterminer un peu mieux ce qui devra être fait», a indiqué la porte-parole de la compagnie minière, Claudine Gagnon.

Elle a cependant précisé que la tâche ne sera pas simple: «C'est difficile d'accès, on doit s'y rendre par hélicoptère. Les conditions météo ne nous sont pas très favorables; il neige et on doit s'assurer d'avoir une bonne visibilité en tout temps. On ne veut pas emmener une équipe sur place qui ne pourrait pas retourner à Sept-Îles.»

Le déraillement a cependant une autre conséquence: la voie ferrée sert également au transport de passagers entre Schefferville et Sept-Îles, des employés des compagnies minières et des résidants des deux villes. La liaison est effectuée deux fois par semaine et celle qui était prévue lundi prochain est loin d'être assurée.

La seule autre façon de relier les deux villes est désormais l'avion.

La voie ferrée appartient à la compagnie IOC mais le train de passager, lui, appartient à la communauté innue, qui en assure l'opération.