Des centaines de parents ont été saisis de frayeur, mardi, quand les 73 enfants et le personnel d'une garderie de Saint-Eustache ont été transportés à l'hôpital.

Une émanation de monoxyde de carbone dans la garderie Les petits explorateurs serait à l'origine de l'incident, pour lequel aucun blessé grave n'a été signalé. Vers 18h, bon nombre d'enfants recevaient d'ailleurs leur congé de l'hôpital de Saint-Eustache.

Trois enfants ont été transférés à l'hôpital Sainte-Justine, à Montréal, mais ils étaient eux aussi en état stable et hors de danger. Au moment de mettre sous presse, ils demeuraient toutefois hospitalisés, selon Mélanie Dallaire, conseillère en relations médias à Sainte-Justine.

«L'hypothèse présentement envisagée est que la présence de monoxyde de carbone serait due à la défectuosité d'un appareil servant à polir les planchers de la garderie. Cet équipement, qui utilise du gaz propane, est actuellement testé par des experts», affirmait la Ville de Saint-Eustache, mardi soir, dans un communiqué. L'établissement n'était pas muni d'un détecteur de monoxyde de carbone.

La date de réouverture de la garderie demeure incertaine. La seule certitude est qu'elle sera fermée aujourd'hui. La Presse a d'ailleurs rencontré des pompiers qui venaient y installer des appareils servant à mesurer le niveau de monoxyde de carbone, en fin d'après-midi, pour des tests qui seront menés au moins jusqu'à aujourd'hui.

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, la présence de monoxyde de carbone dans l'air peut avoir, selon sa concentration, une panoplie de conséquences néfastes sur la santé. En faible quantité, on parle d'effets sur le sommeil, la mémoire et l'humeur, de maux de tête et de nausées, tandis qu'en importante quantité, il y a risque de perte de conscience et de mort.

Le signal d'alarme

Selon nos informations, un enfant s'est d'abord évanoui, ce qui a mené à l'intervention des ambulanciers. Au cours de cette intervention, un deuxième enfant se serait évanoui, ce qui a mené à l'appel aux services d'incendie. Le bâtiment a ensuite été évacué. Des éducatrices ont elles-mêmes été incommodées par les émanations.

Du reste, les conditions dans lesquelles s'est produite l'émanation demeurent floues. Il a été impossible de parler aux responsables de la garderie, si bien que cette opération de polissage des planchers est nébuleuse.

Deux parents dont les enfants fréquentent la garderie affirment toutefois que des employés de l'entreprise de polissage, qui travaillaient dans l'établissement en dehors des heures d'ouverture, auraient eux-mêmes ressenti de l'inconfort en faisant leur travail.

Des questions

Les parents rencontrés par La Presse étaient cependant unanimes dans leur confiance envers la garderie Les petits explorateurs.

«C'est le premier incident depuis que mon enfant est inscrit ici. Ce n'est clairement pas un cas de négligence. C'est une garderie bien entretenue», a indiqué le père d'une fillette.

«Le personnel est vraiment super», a ajouté un autre père.

La même unanimité se dégageait au sujet des services d'urgence qui ont encadré les enfants et le personnel traités. «L'hôpital a fait un travail merveilleux, et nous avons vraiment été bien traités», a mentionné un parent.

Cela dit, pour certains parents, l'annonce de la nouvelle a été chaotique. Sylvain Goyette affirme que sa conjointe et lui ont appris par les médias que l'intervention avait lieu.

«Ma femme m'a appelé en pleurant, et au même moment, mon père m'a appelé en voyant la garderie passer aux nouvelles», raconte-t-il.

«Un autre père m'a raconté qu'il est passé devant la garderie pendant son heure de dîner. En voyant les camions de pompiers, il pensait que c'était un exercice d'incendie», poursuit-il.

Comme bien des enfants, son fils a reçu son congé à l'heure du souper et semblait animé comme tout autre enfant lorsque La Presse a rencontré la famille. Mais pour M. Goyette, la situation a exposé une faille du système. Dans ce cas-ci, la liste contenant les numéros de téléphone des parents était demeurée à l'intérieur, pendant que l'édifice était évacué.

«Je ne veux pas blâmer qui que ce soit, précise-t-il. Mais y aurait-il moyen pour le ministère de la Famille d'avoir une liste des numéros de téléphone centralisée? Dans des situations où les employés sont mal pris comme ça, ça aurait aidé.»