Quand une infirmière s'est présentée à son chevet, quelques heures après la naissance de sa fille dans un hôpital de Burlington, en 1993, Diana Walsh a senti que quelque chose ne tournait pas rond.

«J'ai eu des doutes. Mais je n'ai rien fait. J'invite les parents à se fier à leur instinct. Ça m'aurait évité bien des angoisses», dit-elle.

L'infirmière qui est partie avec la petite Shelby sous prétexte de lui faire passer des tests était Karen Susan Hill, une criminelle qui a gardé le bébé pendant 11 heures avant d'être arrêtée par la police dans un motel, à 10 km de l'hôpital.

Quand Mme Walsh a entendu parler de l'enlèvement de la petite Victoria à Trois-Rivières, elle a été profondément choquée. «Je suis étonnée de voir que ça peut encore se produire. Ici, en Ontario, après mon histoire, les mesures de sécurité ont été resserrées dans les hôpitaux, et rien ne s'est plus jamais produit», dit-elle.

Mme Walsh espère sincèrement que la tragédie poussera le Québec à revoir ses règles. «Il faut aussi sensibiliser la population. Quand on vient d'accoucher, on est si fatiguée qu'on est vulnérable. On fait confiance au personnel de l'hôpital. Mais les parents ont le droit de suivre leur enfant partout et de poser des questions. Il faut le dire.»

Mme Walsh estime que sa vie a été complètement bouleversée par l'enlèvement de sa fille, même si le dénouement a été heureux. Pendant plusieurs années, elle a vécu de l'angoisse et ne pouvait parler de son histoire. Elle a brisé le silence en 2012 dans un livre intitulé Empty CradleLe berceau vide»). «Écrire le livre m'a aidée. Mais c'est encore une préoccupation pour moi.»

Mme Walsh est de tout coeur avec les parents de la petite Victoria. «J'espère qu'ils seront bien entourés. Parce que, dans les faits, ce sont les parents qui souffrent le plus dans ces histoires. Les enfants ne se souviennent généralement pas de grand-chose!»