C'est une jeune orthophoniste de 33 ans, Mathilde Blais, qui a péri lundi dans le viaduc de la rue Saint-Denis, dans le quartier Rosemont-La Petite-Patrie.

La jeune femme travaillait à l'école primaire Ludger-Duvernay, dans le secteur Saint-Henri à Montréal. 

«Une équipe spécialisée dans les post-traumas est sur place depuis hier, et elle y sera encore demain. Toute l'école est entourée », explique mardi matin Christine Mitton, porte-parole à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). « C'est un événement tragique. Toute la CSDM était sous le choc hier. » 

Il semble que l'onde de choc ait atteint l'hôtel de ville, où l'administration Coderre appuiera mardi deux motions déposées par Projet Montréal. L'une d'elles exige la révision du Code de la sécurité routière et de la Loi sur l'assurance automobile. L'autre concerne la création d'un inventaire des intersections dangereuses et le réaménagement de celles-ci pour favoriser la cohabitation entre automobilistes, piétons et cyclistes. 

La mort de Mathilde Blais, qui circulait à Bixi sous un viaduc quand un camion l'a frappée, a relancé le débat sur la dangerosité de ce type de passage. Quatre viaducs (Masson, Christophe-Colomb, Saint-Urbain et Saint-Laurent) qui enjambent la voie ferrée du Canadien Pacifique, en plein coeur de Montréal, sont actuellement sécurisés ou en voie de l'être. Mais six autres passages sont encore dangereux, a exposé lundi Projet Montréal. 

Le viaduc Saint-Denis, où a lieu l'accident mortel, fait partie du lot, comme ceux des secteurs Saint-Joseph, De Lorimer, Papineau, Parc et D'Iberville, par ailleurs surnommé le « tunnel de la mort » par les cyclistes. 

« C'est absolument prioritaire d'intervenir rapidement », a lancé lundi François Croteau, avant de pointer l'administration municipale pour la lenteur de ce type de dossier. L'épreuve du temps lui donnera peut-être raison : la construction de passages piétonniers au-dessus de ce chemin de fer est réclamée à l'hôtel de ville depuis plus de 20 ans.

Chez Vélo Québec, on considère que l'accident mortel illustre une situation dénoncée depuis des années. « On peut avoir des façons, avec la signalisation, avec le marquage au sol, de partager le trottoir avec les piétons », a suggéré Jean-François Pronovost, vice-président, développement et affaires publiques chez Vélo Québec. « Ou [on peut partager] la chaussée avec des bandes cyclables, un marquage coloré ou prononcé, qui permet de franchir ces endroits qui ne sont pas très agréables et parfois dangereux. »

Entre-temps, les cyclistes montréalais promettent de ne pas oublier Mathilde Blais. Une page Facebook a été créée en son honneur. Un vélo fantôme - un vélo peint en blanc à la mémoire d'un cycliste décédé - sera installé le 5 mai. 

L'événement est considéré comme un accident par le Service de police de la Ville de Montréal ; aucune accusation n'a été portée contre le conducteur de 23 ans qui a frappé la cycliste.