Benjamin Hudon-Barbeau a affirmé s'être évadé pour fuir des conditions de détention «infernales». Lui et ses comparses ont vu 25 chefs d'accusation être déposés contre eux hier, ce qui leur vaudra assurément des conditions encore plus strictes.

Outre Hudon-Barbeau et Dany Provençal, l'autre prisonnier qui s'est évadé, les deux autres accusés sont de tout jeunes hommes: Yagé Beaudoin, 23 ans, et Mathieu Steven Marchisio, 20 ans. Le premier n'a aucun casier judiciaire et le second est en attente de quelques procès pour des affaires de voies de fait, de complot et d'introduction par effraction.

Le quatuor a très brièvement comparu au palais de justice de Saint-Jérôme, dans une salle hyper-sécurisée où l'on fouillait jusqu'aux bottes des journalistes qui couvraient l'affaire.

Ainsi, 25 chefs d'accusation ont été portés contre eux par le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Steve Baribeau.

Ils sont notamment accusés d'évasion, de détournement d'hélicoptère, d'enlèvement du pilote de celui-ci, d'avoir été en possession d'armes de poing de calibre 9 mm et 38, ainsi que d'avoir braqué une arme sur les policiers qui les ont pris en chasse - et sur qui ils auraient tiré.

Ils reviendront en cour le 16 avril. Me Baribeau s'opposera à leur remise en liberté.

Provençal purge actuellement une peine de neuf ans pour des crimes violents. Mais il était dans l'établissement provincial de Saint-Jérôme, car il y attendait un procès pour vol et recel.

«Benjamin Hudon-Barbeau était déjà détenu pour des accusations liées au port d'une arme à feu, et il a une cause semblable à Niagara Falls, en Ontario», a renchéri Me Baribeau.

Le pilote a été «très professionnel»

Quant au jeune pilote de l'entreprise Passport Hélico, de Mascouche, qui aurait été forcé de coopérer avec les fugitifs, tous ceux qui le connaissent estiment qu'il a réagi avec brio.

«Il avait sa licence de pilote commercial depuis avril dernier seulement. Lors de la formation, on parle des détournements, mais il n'y a pas de formation pratique pour ça et comme ça n'arrive jamais, on a tendance à oublier. Il a bien réagi et a su activer le bon code pour alerter la tour de contrôle», a expliqué un instructeur qui a déjà volé avec lui.

«J'ai vu les deux gars s'envoler, accrochés à une corde sous l'hélicoptère, au-dessus de la prison. Je ne peux pas croire qu'ils se tenaient seulement avec la force de leurs bras! Je pensais que c'était un exercice de sauvetage», raconte Marie-Ève Rodrigue, qui passait près de la prison au moment de l'évasion.

L'instructeur de vol indique que cette situation a dû représenter un stress énorme pour le jeune pilote.

«L'appareil Robinson 44 ne peut décoller avec plus de 1000 livres de charge, incluant l'essence. Comme il était parti de Tremblant, il devait en avoir 200 en carburant. Cinq gars, dont deux au bout d'une corde qui balance, ça devait compliquer le pilotage. Un hélicoptère hors de poids, ça peut carrément ne pas lever», a-t-il précisé.

«Il a été très professionnel, calme, comme tout bon pilote», a affirmé Yves Leroux, président de Passport Hélico.