Quatre mois après avoir été passé à tabac près de la résidence des Jésuites où il vivait sa retraite, dans l'arrondissement Pierrefonds, le père Louis Bourgeois a rendu l'âme dans la nuit de jeudi. Les enquêteurs tenteront maintenant de savoir si ce sont les blessures subies lors de l'agression du 15 octobre qui ont causé sa mort, ce qui transformerait l'enquête actuelle en une pour meurtre.

Cet avant-midi-là, le père se rendait à sa petite roulotte installée en retrait de la Villa Saint-Martin, boulevard Gouin Ouest. Une roulotte qui servait à cet ancien enseignant en sciences au Collège Jean-de-Brébeuf de petit atelier où il se rendait chaque jour pour bricoler.

Mais cette fois, quelqu'un l'attendait avec un bâton et l'a roué de coups avant de fuir, le laissant inconscient au sol.

Il a été trouvé là un peu plus tard.

L'homme de 86 ans avait été très grièvement blessé. Il a même perdu l'usage d'un oeil.

Mais il a fini par prendre du mieux et aurait même pu rencontrer les enquêteurs de la police de Montréal pour les aider dans leur enquête.

Mais on ignore toujours le motif de cette agression. Dans la roulotte de l'homme, il n'y avait apparemment rien de précieux à voler.

Son état s'étant amélioré, le père Bourgeois a fini par être transféré à l'infirmerie des Jésuites à Richelieu.

Toutefois, son état s'est à nouveau dégradé, jusqu'à son décès la nuit dernière.

«Une autopsie sera pratiquée sur la dépouille afin de déterminer si ce sont les blessures subies lors de l'agression qui ont causé le décès. Si c'était le cas, il s'agirait d'un homicide et l'enquête serait transférée aux enquêteurs des crimes majeurs, mais ce n'est pas encore le cas», explique l'agent Simon Delorme, porte-parole du SPVM.

Le décès du père Bourgeois a causé une onde de choc chez les anciens étudiants du Collège Jean-de-Brébeuf, sur le mont Royal à Montréal.

Il y a enseigné toute sa vie et fut même le dernier religieux à y donner des cours.

«Je suis sous le choc: le père Bourgeois fut un professeur, et est un homme, extraordinaire. Mes prières et mes pensées», avait même déclaré le député Justin Trudeau sur Twitter quelques jours après les évènements d'octobre.

«C'est désolant, c'est le professeur le plus dévoué à ses étudiants que je n'ai jamais croisé, et de loin. Il prenait comme un échec personnel le fait qu'un étudiant échoue à un examen ou même à un devoir», se désolait Mathieu Dumouchel, ancien élève de Brébeuf, après avoir appris la nouvelle.

«Il habitait encore ici un an avant les évènements. Il a été transféré à la Villa Saint-Martin quand le pavillon des Jésuites a été transformé. Comme professeur, il a marqué beaucoup de gens. Je le voyais préparer sa roulotte dans le stationnement du collègue chaque printemps. C'était un vrai cérémonial», raconte Russell Flanaga, porte-parole de l'institution d'enseignement.

Le collège prévoit tenir une cérémonie à la mémoire du religieux en l'honneur duquel on a baptisé un laboratoire de physique, bien avant le crime dont il a été victime.

Ses funérailles auront lieu le 23 février à 10h, à l'église Notre-Dame-des-Neiges.