Depuis le début du mois de septembre, pas moins de sept détenus ont été victimes de surdoses aux opioïdes au pénitencier de Donnacona, selon le Syndicat des agents correctionnels du Canada. La situation est telle que, sous la pression des gardiens, la direction a ordonné hier une fouille générale de 300 cellules dans le but de saisir de la drogue, mais également les téléphones cellulaires, armes tranchantes et autres objets illégaux qui auraient pu être livrés par les drones régulièrement aperçus dans les alentours du pénitencier.

« Les gardiens sont inquiets. Hier matin, ils ont menacé d'exercer un refus de travail pour des raisons de santé et de sécurité et la direction a ensuite ordonné cette fouille. Elle pourrait durer deux, trois jours, durant lesquels les détenus doivent rester dans leur cellule et où toutes les visites sont annulées », explique Frédérick Lebeau, président québécois du Syndicat des agents correctionnels du Canada.

Les sept détenus victimes de surdoses d'opioïdes (fentanyl, carfentanyl ou héroïne) depuis le 6 septembre ont été sauvés in extremis par les gardiens, qui leur ont administré un antidote, de la naloxone, par voie nasale. Selon M. Lebeau, les détenus ont commencé à prendre l'habitude de consommer la drogue une vingtaine de minutes avant les rondes des gardiens, pour être certains que ceux-ci pourront les secourir en cas de problèmes.

« C'est préoccupant. Si les gardiens n'agissent pas rapidement, ce n'est pas un détenu en surdose qu'ils vont trouver, mais un mort. » - Frédérick Lebeau, président québécois du Syndicat des agents correctionnels du Canada

« Sans compter les risques de toxicité pour les gardiens, qui sont exposés lorsqu'ils effectuent les manoeuvres de réanimation. Le gouvernement doit agir », poursuit M. Lebeau.

IMPORTANTE SAISIE

Ce dernier montre du doigt les drones, par lesquels des complices livrent la drogue et d'autres objets aux détenus. Le 18 septembre dernier, les agents correctionnels ont découvert dans quelques cellules d'une aile occupée par des individus liés à des gangs de rue de l'Ontario plus de 23,5 g de fentanyl, 10 g d'héroïne, 5 g de haschisch, deux téléphones cellulaires, des clés USB et des cartes mémoire, le tout d'une valeur de plus de 40 000 $ à l'intérieur des murs.

Le chef syndical croit qu'Ottawa devrait faire l'acquisition de scanneurs corporels, appareils qui seraient installés à une ou deux des portes de l'établissement, et par lesquels tous les détenus qui entrent dans le pénitencier passeraient, permettant ainsi aux gardiens de déceler toute masse de densité anormale.

Selon M. Lebeau, Donnacona est le seul pénitencier du Québec où on observe une telle situation. Il y aurait eu quelques cas de surdoses aux opioïdes à Drummondville, mais rien de comparable. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse. 

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NOMBRE DE SURDOSES D'OPIOÏDES AU PÉNITENCIER DE DONNACONA 

Mai : 2

Juin : 1

Juillet : 1

Août : 0

Septembre : 7 (au 27 septembre)

Source : Syndicat des agents correctionnels du Canada, région du Québec