Kevin Rochebrun, 27 ans, le seul - pour le moment, du moins - des auteurs d'un attentat raté contre le mafieux montréalais Marco Pizzi qui a été arrêté et condamné, vient d'échouer dans sa tentative d'obtenir sa libération conditionnelle.

Rochebrun a été condamné à trois ans de pénitencier en avril 2017 pour divers crimes, dont cette attaque, après avoir plaidé coupable à des chefs de possession d'arme.

Le 1er août 2016, lui et un autre individu encore non identifié se trouvaient dans une camionnette et suivaient Marco Pizzi dans l'est de Montréal. À une intersection, ils ont percuté le véhicule du mafieux et sont sortis de leur camionnette avec des armes automatiques. Mais Pizzi a fui en courant et ses agresseurs ont renoncé à leur projet, en raison de la présence d'enfants dans un parc à proximité. Ils ont abandonné leur véhicule sur place et se seraient évaporés à bord d'un véhicule de fuite.

Lors de l'impact entre les deux véhicules, le coussin gonflable de la camionnette à bord de laquelle les agresseurs se trouvaient s'est déployé et les enquêteurs ont découvert sur celui-ci des traces de sang appartenant à Rochebrun. Ils l'ont ensuite suivi et l'ont vu jeter des vêtements et des souliers qu'il portait le jour de l'attaque dans des conteneurs à ordures. Rochebrun a été arrêté et les policiers ont retrouvé dans son véhicule un pistolet mitrailleur de style Tec-9 fabriqué à l'usine Perfection, dans l'arrondissement de LaSalle, dont l'un des propriétaires a été récemment condamné pour fabrication d'armes.

« Attrait pour l'appât du gain »

Lors d'une audience tenue récemment, les commissaires aux libérations conditionnelles ont désigné la victime de Rochebrun comme « un individu influent du crime organisé ». Ils ont souligné que selon une mise à jour faite par les autorités en mai dernier, la sécurité du condamné pourrait être compromise s'il était libéré. Mais Rochebrun a répondu qu'il n'était pas préoccupé par cette information.

Lors de l'audience, Rochebrun a expliqué qu'il provenait d'un milieu familial prônant des valeurs pro-sociales, mais qu'il avait été expulsé de l'école à 16 ans. À 20 ans, il a commencé à consommer du cannabis et s'est ensuite impliqué dans le trafic de stupéfiants. « Vous avouez un attrait pour l'appât du gain facile et admettez que vous seriez incapable de travailler selon un horaire typique de 8 h à 16 h, au salaire minimum », écrivent les commissaires dans leur décision de sept pages rendue le 14 août dernier.

« Vous déclarez vouloir être votre propre patron, choisir votre horaire et ne dépendre de personne, et que le trafic de stupéfiants cadrait parfaitement à vos besoins. »

- Les commissaires aux libérations conditionnelles

Rochebrun a admis avoir travaillé durant deux ans pour une entreprise de remorquage illégale et avoir trempé dans le vol de voitures de luxe à cette époque. Il a aussi dit qu'il aimait les armes, et qu'il les collectionnait.

Il a nié être lié à une organisation criminelle quelconque et avoir des relations marginales. Il a toutefois admis que son meilleur ami avait été tué devant chez lui en septembre 2015, ce qui laisse croire qu'il s'agit de Marco Campellone, 24 ans, étoile montante de la mafia assassinée dans le quartier Rivière-des-Prairies le 18 septembre de cette année-là.

Rochebrun a demandé sa semi-liberté, c'est-à-dire de pouvoir aller dans une maison de transition, mais les directions de deux d'entre elles, qui l'avaient accepté au départ, ont décidé de ne pas l'accueillir après avoir été mises en courant des menaces à sa sécurité.

« Criminalité persistante »

Malgré certains progrès réalisés derrière les murs, l'équipe de gestion de cas de Rochebrun ne recommandait pas son élargissement, soupçonnant des liens avec des individus du crime organisé et une criminalité cachée. Les commissaires ont suivi sa recommandation.

« Votre criminalité est précoce et persistante. Des délits de nature violente et impliquant la possession d'armes à feu sont répertoriés à votre dossier. Les délits à l'origine de la présente sentence témoignent de valeurs criminelles bien ancrées et correspondent à des façons de faire d'une organisation criminelle structurée », ajoutent les commissaires, qui invitent Rochebrun à les revoir dans six mois. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.