Le Hells Angel de la section de Québec Marc Bordage, dont l'arrestation spectaculaire, survenue en pleine heure du repas au centre-ville de Montréal le 23 novembre dernier, n'est pas passée inaperçue, est de retour dans la nature.

Le motard de 54 ans a plaidé coupable mardi à trois accusations, soit possession et utilisation de pièces d'identité contrefaites, ainsi que possession d'un faux passeport. La juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec a entériné une suggestion commune de la poursuite et de la défense et l'a condamné à neuf mois d'emprisonnement. Mais en soustrayant la détention préventive de six mois purgée par le motard et qui est calculée en temps et demi - en raison des mauvaises conditions de détention - la magistrate l'a condamné à un jour de prison.

Bordage, dont le nom a été sur la liste des dix criminels les plus recherchés du Québec, était en fuite depuis plus de huit ans lorsqu'il a été arrêté par les membres du Groupe tactique d'intervention (GTI) près du square Phillips le 23 novembre.

Il était recherché depuis l'opération SharQc, en avril 2009, et accusé d'une vingtaine de meurtres, complots pour meurtre, trafic de stupéfiants et gangstérisme. Les accusations liées à SharQc ont été abandonnées après 2015, mais Bordage faisait aussi l'objet, depuis 2012, d'un autre mandat pour prise d'ADN.

Alias Claude Lavigne 

Depuis 2016, le motard utilisait de faux papiers au nom de Claude Lavigne. L'an dernier, le système de reconnaissance faciale de Transports Canada a constaté que le passeport au nom de Claude Lavigne était en réalité utilisé par le fugitif, et le Ministère a avisé les policiers. C'est dans ce contexte que ceux-ci l'ont arrêté en novembre dernier.

Lors de son arrestation, outre un passeport au nom de Claude Lavigne, Bordages avait également une carte d'assurance sociale, une carte d'assurance maladie, des cartes bancaires, un certificat de naissance et un permis de conduire à ce même nom.

Le choix du nom de Claude Lavigne peut étonner, car c'est le vrai nom d'un autre membre des Hells Angels.

Il avait aussi sur lui une somme de 3890 $ qui a été confisquée aux profits du Procureur général du Québec. Bordage a été soumis à une période de probation d'un an durant laquelle il ne pourra posséder de documents au nom d'un tiers, sauf des membres de sa famille immédiate.

Selon une déclaration sous serment au soutien d'un mandat de perquisition obtenu par La Presse, la police voulait faire prélever l'ADN de Bordage car elle le soupçonne d'être impliqué dans le meurtre en octobre 1998 d'un ancien responsable d'un réseau de trafiquants de la haute ville de Québec à la solde des Hells Angels. La victime, Jean-François Goyet, 26 ans, a été retrouvée dans un véhicule volé et incendié en bordure de la route de la Sagamité, à Stoneham. Bordage n'est toutefois pas accusé de ce meurtre. 

Le mandat de prise d'ADN pour lequel il était recherché depuis 2012 a été exécuté au cours des six derniers mois.

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PHOTO FOURNIE PAR LA SQ

Marc Bordage