Jaime Flores, un homme arrêté pour importation de cocaïne en décembre 2016 par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a été complètement subjugué, d'abord par une taupe de sa propre organisation, puis par les policiers qui ont infiltré son réseau et même transporté sa cocaïne.

Flores, 52 ans, résidant de Saint-Zotique, a été appréhendé dans le cadre d'une enquête baptisée Cendrier qui l'a visé ainsi qu'un réseau de contrebandiers de tabac.

Durant l'enquête, les policiers ont effectué aux États-Unis deux saisies de 52 et de 75 kilogrammes de cocaïne - dont la police attribue la responsabilité à Flores - et une déclaration sous serment au soutien d'un mandat de perquisition obtenu par La Presse lève le voile sur la façon dont les limiers ont réussi ces coups de filet.

NOM DE CODE : C6330

Au printemps 2015, un individu effectuant du transport national et transfrontalier par camion pour des contrebandiers de tabac a rencontré des policiers de la GRC et de la Sûreté du Québec (SQ) pour leur dire qu'il était disposé à travailler pour eux en tant qu'agent civil d'infiltration. Un an plus tard, cet homme a commencé à fournir des informations aux policiers et il a signé en septembre 2016 une « lettre de reconnaissance » par laquelle il a été convenu que son nom de code serait C6330, qu'il recevrait une somme hebdomadaire de 1500 $ pour ses frais de subsistance et une rémunération maximale de 325 000 $ pour ses services.

C6330 a commencé par infiltrer un réseau de contrebandiers de tabac qui aurait été dirigé par Blaise Flores, 26 ans, l'un des fils de Jaime Flores, également accusé de complot dans cette affaire. Ce réseau de contrebandiers opérait notamment via la réserve amérindienne d'Akwesasne, située à cheval entre le Québec, l'Ontario et les États-Unis.

L'agent civil a créé son propre réseau de transport et embauché comme chauffeurs des agents doubles de la police. C'est dans ce contexte qu'en novembre 2016, il a rencontré Jaime Flores qui lui a alors demandé d'aller chercher des quantités de cocaïne au Texas et en Californie, pour une rémunération de 1800 $ par « paquet » (1 kg), selon la déclaration sous serment.

C6330 a accepté en demandant toutefois de pouvoir envoyer des employés effectuer le transport. Ces employés étaient en réalité des enquêteurs de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis à qui la GRC avait demandé assistance. Ce sont les enquêteurs de la DEA qui ont communiqué au téléphone avec le contact de Jaime Flores, un certain James, et ont ensuite cueilli 52 kg de cocaïne à Houston, le 2 décembre 2016, et 75 kg à Los Angeles, trois jours plus tard. Jaime Flores a été arrêté le 6 décembre, alors qu'il croyait les cargaisons en chemin pour Montréal.

Les policiers ont trouvé 14 téléphones cellulaires et plus de 5000 $ dans la maison des Flores le jour des arrestations. Les informations contenues dans la déclaration sous serment n'ont pas encore été testées devant les tribunaux. Jaime Flores est toujours détenu. Il est accusé de trafic de stupéfiants et de non-respect de conditions.

LONGUE CAVALE

Jaime Flores était en effet sous le coup de conditions judiciaires qu'il devait respecter au moment où il aurait comploté les importations du projet Cendrier.

Il venait d'être remis en liberté après avoir été accusé dans le cadre d'une importante enquête antimafia menée par la GRC et baptisée Clemenza. Il a été accusé de gangstérisme, de complot et d'importation et trafic de cocaïne dans le cadre de cette enquête, mais a bénéficié d'un arrêt du processus judiciaire, tout comme 37 autres accusés, il y a un an.

Jaime Flores était recherché depuis juin 2014 dans le cadre de l'enquête Clemenza, mais n'a été arrêté qu'en janvier 2016, un an et demi plus tard, en Équateur, après avoir présenté un faux passeport. Des sources ont confié à La Presse que des proches de Flores auraient été vus en Équateur en compagnie de Michel Lajoie-Smith, membre retraité des Hells Angels.

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Photo LA Presse

Jaime Flores