Son attitude maintenant repentante et le fait que les menaces pour sa sécurité se seraient «résorbées» font en sorte que l'ancien chef du bras armé du clan Rizzuto peut retourner à la maison, après avoir passé deux ans en maison de transition.

Francesco Arcadi, 64 ans, a été condamné à 15 ans de pénitencier en 2008, dans la foulée de la vaste rafle anti-mafia par laquelle la Gendarmerie Royale du Canada a décapité le clan sicilien de la mafia de Montréal. Durant l'enquête, les enquêteurs, en particulier ceux de la Cellule 8002 qui l'avaient à l'oeil, lui et ses deux lieutenants, Lorenzo Giordano et Francesco Del Balso, avaient constaté qu'Arcadi était le patron des «opérations de rue», qu'il était celui qui réglait les problèmes et l'un de ceux qui avait droit aux liasses de dollars divisées et distribuées régulièrement aux hommes d'honneur de la mafia montréalaise, dans la petite pièce du fond du café Consenza, situé sur la rue Jarry, quartier général des Rizzuto aujourd'hui disparu, où la police fédérale avait caché micros et caméras.

Le matin de l'opération Colisée, le 22 novembre 2006, Arcadi, qui craignait pour sa vie et qui se cachait avec un garde du corps dans un chalet de la région d'Hemmingford, s'en allait à la chasse lorsqu'il a été arrêté par les policiers.

Omerta carcérale

Arcadi a été libéré aux deux tiers de sa peine le 12 février 2016, sous de fortes conditions. Il a été entre autres assigné à une maison de transition parce qu'à l'époque, les commissaires aux libérations conditionnelles lui reprochaient de n'avoir fait aucun effort de transparence, d'ouverture et de collaboration, d'avoir continué à prôner l'omerta au pénitencier et d'avoir voulu imposer sa volonté aux autres détenus. Bref, d'être resté «le même individu que lors de son arrivé au pénitencier sept ans plus tôt», avaient noté les commissaires.

À ce moment, Arcadi disait qu'il ne craignait pas pour sa vie pourtant son plan de sortie était de s'établir loin de Montréal, de s'installer dans une résidence protégée par une grille et des caméras «pour contrôler les allées et venues des visiteurs, et éviter les indésirables», entretenir un jardin et mener une vie paisible, entouré de ses enfants et petits-enfants.

Le premier mars 2016, dans les heures qui ont suivi le meurtre de son ancien bras-droit, Lorenzo Giordano, à Laval, Francesco Arcadi a été réincarcéré, pour sa sécurité, mais a été libéré peu après, et retourné dans une maison de transition loin de Montréal.

Un homme nouveau

Mais deux ans plus tard, la Commission des libérations conditionnelles conclut qu'Arcadi est un homme nouveau. «Vous adoptez un comportement conformiste et respectez vos conditions. Vous admettez la violence associée à vos activités et les conséquences que la consommation de stupéfiants peut avoir sur la société et les consommateurs».

«En 2016 et 2017, des informations laissaient croire que votre sécurité pourrait être compromise. Actuellement, cette situation semble s'être résorbée. Pour votre part, vous soulignez ne pas avoir de crainte pour votre sécurité. De plus, rien dans les informations policières n'indique actuellement qu'il existe des menaces à votre égard», écrit un commissaire dans une décision rendue le 9 mars dernier et qui permet à Arcadi de retourner à la maison.

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