Les enquêteurs de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM ont arrêté au cours de la nuit de vendredi à hier cinq personnes qu'ils soupçonnent d'être impliquées dans la fabrication et la distribution à grande échelle de pilules de méthamphétamine, a appris La Presse.

Durant l'opération baptisée Acide, les enquêteurs ont perquisitionné dans quatre résidences de Montréal, Blainville, Terrebonne et Mirabel, un entrepôt à Mirabel et un laboratoire de production de méthamphétamine installé sur le terrain d'une résidence de Chertsey, au nord de la métropole.

Les suspects appréhendés sont Marcello Paolucci, 37 ans, Lorenzo De Rosa, 46 ans, Rudolph Jean, 45 ans, Lucio Angelo, 45 ans, et Julie Hache, 47 ans. Paolucci, De Rosa et Jean ont été accusés de complot, production de substances et possession de substances dans un but de trafic, hier après-midi au palais de justice de Montréal. Angelo et Hache font face pour leur part à des accusations de production de substances dans un but de trafic, de trafic de substances et de vente de stupéfiants. La Couronne s'est opposée à leur remise en liberté et leur enquête sur cautionnement pro forma a été fixée à demain. La preuve a été divulguée hier en cour.

Un des individus, que l'on soupçonne d'être un des responsables du réseau, aurait des liens avec les motards et la mafia. Le groupe aurait distribué des pilules portant notamment les inscriptions Ice, Habs, Punisher et Gas dans l'est et le nord de Montréal, dans des territoires qui seraient actuellement contrôlés par les Hells Angels, selon la police.

Durant l'opération, les enquêteurs auraient mis la main sur au moins sept kilos de méthamphétamine. Aucune trace de fentanyl n'aurait été trouvée.

Un proche de Bruny Surin accusé

L'un des accusés, Rudolph Jean, est un entraîneur personnel qui n'a pas d'antécédents criminels. 

Sur sa page Facebook, l'homme indique habiter à Mirabel et être assistant aux communications pour la Fondation Bruny Surin. Jean pose d'ailleurs aux côtés du champion olympique sur sa photo d'accueil.

Joint par La Presse en soirée, Bruny Surin était « abasourdi » en apprenant l'arrestation de Jean et les accusations auxquelles il fait face.

« Ça fait des années qu'on se connaît, au moins une vingtaine d'années. On faisait de l'athlétisme ensemble à l'époque. Il connaît mes valeurs, il sait comment je suis. Et qu'il soit pris dans quelque chose comme ça, je n'en reviens tout simplement pas. » 

L'ex-athlète a aussi précisé ses liens professionnels avec l'accusé.

« Il ne travaille pas pour la Fondation [Bruny Surin]. Il avait de la misère avec son gym et nous on avait besoin d'aide », nuance M. Surin, qui explique lui avoir donné un « petit mandat » à l'automne dernier afin qu'il accompagne des conférenciers de la fondation.

« Il accompagnait des athlètes qui donnaient des conférences dans des écoles et il donnait un coup de main comme bénévole avec les courses », a précisé M. Surin.

Un autre des accusés, De Rosa, a été condamné à neuf mois de prison pour production et trafic de marijuana en 2005.

De toutes les enquêtes

Marcello Paolucci est par contre l'accusé qui était le plus connu des policiers. Paolucci a fait l'objet d'enquêtes ou été observé dans plusieurs enquêtes policières d'envergure visant le crime organisé traditionnel italien.

Il avait notamment été arrêté en 2014 dans la phase I de l'importante enquête Clemenza de la Gendarmerie royale du Canada contre les clans de la mafia montréalaise qui tentaient de prendre la relève des Rizzuto.

Paolucci a été accusé de complot, incendie criminel, gangstérisme, importation et trafic de stupéfiants dans la foulée de Clemenza, mais il a fait partie de la quarantaine d'individus qui ont bénéficié d'un retentissant arrêt du processus judiciaire en mars 2017.

Durant l'enquête Clemenza, les enquêteurs de la GRC avaient notamment intercepté en 2011 une communication entre Paolucci et Marco Pizzi, un individu soupçonné d'être un importateur de cocaïne, arrêté dans la phase finale de Clemenza, mais libéré lui aussi à la suite d'un arrêt du processus judiciaire. À cette époque, Paolucci était étiqueté comme faisant partie du clan de Giuseppe De Vito, un adversaire du clan Rizzuto mort empoisonné au cyanure dans sa cellule du pénitencier de Donnacona en 2013.

Paolucci avait aussi été observé dans une enquête de la DCO baptisée Argot menée en 2013. Lors d'une enquête sur remise en liberté, un gendarme de la GRC avait décrit Paolucci comme l'un des gestionnaires du clan De Vito, impliqué dans le trafic de cocaïne, mais également dans une serre de production de cannabis démantelée à Saint-Eustache.

Plus récemment, Paolucci aurait été observé dans une autre enquête de la DCO du SPVM baptisée Amont à l'issue de laquelle les enquêteurs ont démantelé un important laboratoire de méthamphétamine dans la région de L'Assomption.

En 2008, Paolucci et d'autres individus, dont le chef de clan Salvatore Scoppa, avaient été arrêtés et accusés d'avoir enlevé un certain Nino De Bartolomeis, alias Nino Brown - victime d'une tentative de meurtre en mars 2016 -, mais il avait été libéré, comme la plupart des présumés ravisseurs d'ailleurs.

- Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse

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photo fournie 

Marcello Paolucci a été accusé de complot, production de substances et possession de substances dans un but de trafic.