Après un sommet inquiétant en août dernier, le nombre de surdoses aux opioïdes a diminué à Montréal cet automne, tellement que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a mis fin à sa structure fentanyl mise en place pour lutter contre cet opiacé 40 fois plus puissant que l'héroïne, a appris La Presse.

Il y a eu 50 surdoses aux opioïdes à Montréal en août, 35 en septembre, 30 en octobre et 9 le mois dernier, selon des chiffres compilés par le SPVM. Parmi ces surdoses, il y a eu quatre cas de surdose au fentanyl en septembre, un en octobre et aucun en novembre. Aucun de ces quatre cas enregistrés depuis septembre ne s'est soldé par la mort.

« Le 15 novembre, le SPVM a mis fin à sa coordination, car il y a une accalmie sur le territoire et une relative stabilité de l'éclosion », a expliqué la commandante Christine Christie, responsable de la coordination.

« Mais les réflexes sont installés, les structures sont en place. La lutte aux surdoses d'opioïdes demeure une priorité pour nous. S'il y a une autre vague de surdoses, la coordination sera rétablie en un claquement de doigts », a ajouté Mme Christie.

PLUS DE 80 ARRESTATIONS

La coordination fentanyl est une structure de surveillance, de collecte d'information et d'interventions-enquêtes chapeautée par la Division du crime organisé (DCO) et regroupant les enquêteurs des quatre régions du SPVM.

Depuis sa création le 14 septembre, en deux mois, les policiers du SPVM ont mené 30 enquêtes, effectué 79 perquisitions et arrêté plus de 80 présumés trafiquants, en lien avec 24 surdoses de fentanyl (dont 6 mortelles) et 22 autres qui n'ont pas encore été confirmées.

« Il y a eu de la prévention sur le terrain, les consommateurs ont été avertis de consommer à petites doses et invités à aller dans les centres d'injection supervisée, on a émis des procédures aux patrouilleurs et aux enquêteurs, des actions ont été prises et ont donné des résultats. Tout le monde a travaillé très fort et le mot s'est passé dans la rue », explique la commandante Christie.

Le SPVM maintient toutefois une « coordination surdoses » grâce à laquelle il pourra continuer à assurer une surveillance, comptabiliser les données, conserver un portrait de la situation et déterminer les actions à mettre en place, en cas de besoin.

DES DIFFÉRENCES

La police prévient toutefois qu'elle n'est pas systématiquement mise au courant de tous les cas de surdoses qui surviennent dans la métropole. C'est le cas aussi des autres intervenants, comme Urgences-santé. C'est ce qui explique aussi pourquoi les statistiques du SPVM et d'Urgences-santé diffèrent.

Les paramédicaux d'Urgences-santé, qui sont appelés en cas de surdoses pour donner de la naloxone ou ventiler les consommateurs victimes de surdoses, ont enregistré 16 cas en novembre à Montréal, comparativement à 9 pour le SPVM. En revanche, ils en ont répertorié une quinzaine en octobre, la moitié moins que le SPVM.

« Novembre n'est pas le mois où il y en a eu le moins. On ne parle pas d'accalmie, mais on ne parle pas de crise non plus. Pour nous, la situation est sous contrôle et stable. Elle n'a rien à voir avec ce qui se passe dans l'Ouest canadien ou aux États-Unis et on souhaite ne jamais en arriver là », affirme Stéphane Smith, chef aux opérations à Urgences-santé.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

LES SURDOSES SELON LE SPVM

AOÛT 

• 50 victimes de surdose

• Cinq décès, dont trois liés au fentanyl

• 15 surdoses de fentanyl

SEPTEMBRE 

• 35 victimes de surdose

• Quatre décès, aucun lié au fentanyl

• Deux surdoses de fentanyl

OCTOBRE 

• 30 victimes de surdose

• Six décès, aucun lié au fentanyl

• Une surdose de fentanyl

NOVEMBRE 

• 9 victimes de surdose

• Trois décès, aucun lié au fentanyl

• Aucune surdose de fentanyl confirmée, résultats d'analyse à venir

DEPUIS LE 18 MARS 2017 

• 37 victimes du fentanyl à Montréal

• Cinq décès (plus un survenu en décembre 2016)