Un cyberprédateur récidiviste qui menaçait des adolescentes de les enlever et de les violer si elles ne lui donnaient pas des photos d'elles nues pourrait être déclaré délinquant à contrôler ou délinquant dangereux. Pour trancher cette question, Philippe Truchon, qui a déjà été reconnu coupable d'avoir leurré près de 300 jeunes victimes sur internet, subira une évaluation psychiatrique.

L'homme de 37 ans a plaidé coupable en juillet dernier à 12 chefs d'accusation, notamment de leurre informatique et de harcèlement criminel. Pour commettre ses crimes auprès de cinq adolescentes, Philippe Truchon a utilisé le «même modus operandi» qu'en 2010, a indiqué hier la juge Manon Ouimet. Il avait alors écopé d'une peine de trois ans de pénitencier pour proxénétisme et leurre sur 286 victimes mineures. Déjà, les rapports présentenciels et sexologiques de l'époque indiquaient un «risque très élevé de récidive en matière de crime sexuel».

De janvier 2016 à mai 2017, Philippe Truchon a utilisé de faux profils Facebook pour communiquer avec cinq adolescentes de 15 à 17 ans, dont une agente double. Il se présentait comme le propriétaire d'un bar ou d'un magasin de vêtements et proposait à ses victimes de travailler dans son commerce. Il tentait ensuite d'obtenir leurs mensurations, la taille de leurs seins et des photos nues ou sexy.

«Lorsque certaines jeunes filles ont refusé de collaborer avec l'accusé, ce dernier est devenu agressif, harcelant et insultant. Allant jusqu'à menacer les jeunes filles de les forcer à se prostituer, menaçant de les enlever, de les séquestrer et de les agresser sexuellement», affirme la Couronne dans un document déposé hier à la cour. Philippe Truchon a pris rendez-vous avec deux de ses victimes. Il n'a toutefois eu aucun contact sexuel avec la seule adolescente, âgée de 15 ans, qu'il a rencontrée.

Faible empathie

Le risque de récidive de l'accusé a été jugé «élevé», note-t-on tant dans son rapport présentenciel que dans son rapport d'évaluation psychologique de 2017. Un psychologue note que Philippe Truchon a des «capacités faibles, sinon inexistantes, d'empathie», alors qu'un autre expert doute de sa «capacité à fonctionner en communauté sans enfreindre les lois pour combler ses besoins».

La juge Manon Ouimet a ordonné hier le renvoi pour évaluation de Philippe Truchon à l'Institut Philippe-Pinel pour une durée de 60 jours. Cette disposition du Code criminel permet au tribunal d'ordonner dans certains cas l'évaluation d'un accusé, avant l'imposition d'une peine, lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire qu'il pourrait être déclaré délinquant dangereux ou à contrôler.

L'étiquette de délinquant dangereux peut mener à la détention permanente d'un criminel, alors que la désignation de délinquant à contrôler, moins grave, permet une surveillance accrue pour une période de 10 ans. Les parties reviendront en cour le 15 décembre