Le gouvernement du Canada amorce une révision de son processus d'admission des réfugiés à la suite de révélations sur le suspect de l'attentat d'Edmonton, un réfugié d'origine somalienne dont les États-Unis auraient ordonné la déportation, a indiqué le premier ministre Justin Trudeau, mercredi.

M. Trudeau a précisé que le gouvernement cherchait à comprendre ce qui s'est produit avec le dossier d'Abdulahi Hasan Sharif.

Ottawa a révélé qu'Abdulahi Hasan Sharif s'était présenté à un poste frontalier canadien en 2012 pour demander l'asile et avait obtenu le statut de réfugié par la suite.

L'agence de réglementation des douanes et de l'immigration des États-Unis rapporte qu'il est arrivé du Mexique à pied et sans papiers par un point d'entrée non loin de San Diego en juillet 2011.

Puisqu'il n'avait aucun statut juridique lui permettant d'entrer aux États-Unis, il avait été placé en détention. Une ordonnance de déportation vers la Somalie avait été prononcée le 22 septembre suivant, selon l'agence.

Environ deux mois plus tard, il avait été libéré sous une ordonnance de surveillance puisqu'il était «peu probable que sa déportation soit exécutée dans un avenir raisonnablement prévisible».

L'homme ne s'est pas présenté à la date de déportation prévue du 24 janvier 2012, et les efforts pour le retracer ont échoué, a indiqué l'agence par communiqué.

Ottawa veut maintenant savoir comment l'individu a pu obtenir le statut de réfugié au Canada et ce qui aurait pu être fait différemment en 2012.

«C'est clair qu'il y a des procédures pour les demandes d'asile qui doivent être suivies à la lettre lorsque quelqu'un se présente à la frontière. Il y a des règles à suivre et nous voulons être sûrs qu'elles sont suivies», a commenté le premier ministre, mercredi, à Ottawa.

«La priorité demeure toujours de s'assurer que nous protégeons les valeurs et les droits des Canadiens tout en gardant nos communautés en sécurité», a-t-il poursuivi.

Le ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen, a refusé de préciser où exactement l'accusé était entré au Canada. Il n'a pas non plus voulu confirmer si les autorités étaient au fait de l'ordonnance de déportation des États-Unis lors de l'évaluation de sa demande d'asile.

«Quiconque demande l'asile au Canada, que ce soit dans un aéroport ou à un poste frontalier, doit se soumettre au processus rigoureux que nous avons en place», a-t-il martelé mercredi.

Soupçons de radicalisation en 2015

Abdulahi Hasan Sharif fait face à cinq chefs d'accusation de tentative de meurtre. Il est aussi accusé de conduite dangereuse, de délit de fuite causant des lésions corporelles et de port d'arme dans un dessein dangereux. Il est accusé d'avoir foncé sur un policier avec sa voiture, puis de l'avoir poignardé, avant de fuir les lieux et de foncer sur des piétons au volant d'un camion, le week-end dernier.

Des agents d'une escouade tactique ont eu recours à des grenades assourdissantes et à un pistolet électrique pour arrêter le suspect après que son camion s'est renversé.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a confirmé avoir enquêté sur M. Sharif en 2015 après avoir reçu des informations à propos de sa radicalisation, mais les enquêteurs ont déterminé qu'il ne représentait pas une menace.

«Comme le ministre Goodale l'a indiqué, il n'y avait pas d'information qui aurait levé un drapeau rouge lors de son entrée au Canada. En raison des lois sur la protection de la vie privée, nous ne pouvons pas dévoiler d'autres détails sur cette affaire», a expliqué le porte-parole de la GRC Scott Bardsley par courriel.

La police d'Edmonton a avancé mardi la possibilité que des accusations de terrorisme soient ajoutées parce qu'un drapeau de Daech (le groupe armé État islamique) a été retrouvé dans la voiture du suspect.

La GRC a toutefois indiqué que l'enquête est complexe et qu'aucune accusation de terrorisme n'a été déposée pour l'instant.

Abdulahi Hasan Sharif est demeuré silencieux durant sa brève comparution devant le tribunal, mardi.