Salvatore Cazzetta, membre influent des Hells Angels du chapitre de Montréal, a remporté une autre victoire devant les tribunaux. Un juge de la Cour supérieure l'a libéré ce matin d'un chef de gangstérisme déposé contre lui à la suite de son arrestation dans l'opération Magot-Mastiff, qui a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015.

C'est la deuxième fois qu'une accusation est retirée contre Cazzetta dans le cadre de cette opération. Un autre chef de complot a été retiré dans les derniers mois. Il reste une seule accusation, de recel, qui pèse contre le motard de 62 ans. Le procès, qui doit durer deux semaines, a été fixé à décembre et mars prochains.

Cazzetta est détenu depuis Magot-Mastiff, soit depuis 20 mois. Depuis quelques années, la période de détention préventive pour les prévenus est calculée en temps et demi en raison des conditions de détention. C'est donc dire que Cazzetta a purgé l'équivalent de deux ans et demi de prison. Après Magot-Mastiff, le motard avait demandé sa libération en attendant la suite des procédures mais celle-ci lui avait été refusée. On doit s'attendre à ce qu'il en fasse rapidement de nouveau la demande à la suite du revirement de ce matin.

Suivez l'argent

Le volet Mastiff de l'enquête menée par l'Escouade régionale mixte (ERM) de la Sûreté du Québec visait les membres d'un réseau de trafiquants de stupéfiants opérant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Les responsables versaient des taxes à certains individus liés au crime organisé et l'une des enveloppes suivies par les enquêteurs les a mené au garage de Cazzetta à Joliette. Ils ont ensuite arrêté le motard et découvert une importante somme d'argent chez lui.

Toutefois, dans ses déclarations, le chef du réseau devenu témoin repenti et dont on doit taire l'identité a laissé entendre que Cazzetta ne recevait pas de profits de la vente de stupéfiants dans Hochelaga-Maisonneuve.

Ce matin, le juge Daniel Royer de la Cour supérieure a conclu que la juge à l'enquête préliminaire a fait des inférences qu'elle n'aurait pas dû faire, et «que la seule inférence possible en fonction de la preuve présentée à l'enquête préliminaire est que M. Cazzetta a recelé ces sommes d'argent à des fins entièrement personnelles», écrit-il dans son jugement de douze pages.

Rappelons qu'en octobre 2016, Cazzetta a bénéficié d'un arrêt des procédures dans le projet Machine, mené en 2009 contre de présumés trafiquants de cigarettes basés notamment dans la réserve amérindienne de Kahnawake.

En 2011, il a fait partie du groupe des 31 accusés de SharQc libérés par le juge James L. Brunton de la Cour supérieure en raison des délais.

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