Le caïd de la Mauricie, Raymond Desfossés, a beau dire qu'en raison de ses problèmes de santé et de son âge, 66 ans, il envisage de prendre sa retraite du milieu criminel, les commissaires aux libérations conditionnelles ont de sérieux doutes.

Détenu de nouveau depuis 2009 et condamné à neuf ans et demi de pénitencier pour complot de meurtre, celui qui aurait donné au moins six contrats au tueur à gages Gérald Gallant pour éliminer des individus liés aux Hells Angels - y compris leur ancien chef guerrier, Maurice Boucher - durant la guerre des motards, a obtenu sa libération d'office ces derniers jours, après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Prudents, les commissaires aux libérations conditionnelles lui imposent des conditions. Ils l'envoient dans une maison de transition - où il devra revenir tous les soirs -, lui interdisent de fréquenter toute personne ayant des antécédents judiciaires ou étant liée à une organisation criminelle, l'obligent à divulguer toutes ses transactions financières et lui interdisent de fréquenter les débits de boisson.

Desfossés devra également porter un bracelet GPS ou une puce électronique pour que les autorités suivent ses allées et venues, mais ce sont les Services correctionnels qui détermineront la forme que prendra cette surveillance électronique.

«Votre équipe de gestion de cas prend en compte que vous présentez un risque élevé de récidive violente, que vous êtes identifié comme étant un cas notoire et que vous êtes susceptible d'attirer l'attention des médias et du milieu criminel. Elle croit aussi que votre motivation à modifier votre mode de vie est mitigée et indique que seul un conformisme de surface a été observé en établissement ces dernières années», écrivent notamment les commissaires dans une décision de six pages rendue le 28 juin dernier.

«Dans votre cas, la Commission conclut qu'il existe chez vous un imposant potentiel de violence et que le niveau de risque de récidive violente est bien présent. Vous avez été à la tête d'une organisation criminelle d'une envergure importante et vous n'avez pas hésité à utiliser le meurtre pour atteindre vos objectifs. Vous avez un dossier comportant de nombreux délits à caractère violent et une activité criminelle remontant à votre adolescence. Vous êtes notoirement associé à des groupes de motards criminalisés», ajoutent les commissaires.

Sa vie menacée

Desfossés purge depuis 2005 une lourde peine pour une importation de 750 kg de cocaïne  à laquelle s'est additionnée la sentence de complot pour meurtre. Durant sa longue détention, ponctuée de quelques intermèdes et bris de conditions, il a insisté pour être envoyé dans un pénitencier à sécurité minimum mais les autorités ont toujours refusé en raison des risques pour sa sécurité. L'ex Hells Angels devenu délateur Sylvain Boulanger avait confié aux enquêteurs de la SQ à la fin des années 2000 que son organisation avait mis un contrat de 100 000 $ sur la tête de Desfossés. Ce dernier avait choisi une maison de transition où il désirait s'établir mais la direction de cette dernière a refusé sa candidature.

Aux commissaires, Desfossés a indiqué vouloir vivre tranquillement auprès de sa famille et peut être acheter ou démarrer une petite entreprise.

Outre le narcotrafic à grande échelle «à la tête d'une organisation d'importation de cocaïne d'envergure internationale» précisent les commissaires, et les meurtres, Desfossés a des antécédents en matière de fraude, vols à main armée, possession d'arme et a même tiré en direction d'un policier, sans l'atteindre. Il était autrefois associé au Gang de l'ouest.

Au début de l'année, Desfossés a essuyé un refus de la Cour d'Appel à laquelle il s'était adressé pour obtenir une réduction de peine.

Ces derniers jours, deux autres vieux complices de Desfossés, Raymond Bouchard et Gérard Hubert, trahis par les confessions du tueur Gérald Gallant et aussi arrêtés dans le projet Baladeur de la Sûreté du Québec en 2009, ont obtenu leur libération d'office.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.